France : les livreurs d’Uber Eats en grève dénoncent leurs conditions de travail et de rémunération
Par djefPublié le
L'Union-Indépendants, les fédérations CGT Transports et SUD-Commerces ont appelé à la grève pour demander une meilleure rémunération. Les livreurs grévistes d'Uber Eats prévoient des rassemblements le samedi 2 et le dimanche 3 décembre dans plusieurs villes de France, dont Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille et Armentières. Ils contestent un changement dans l'algorithme du groupe qui, selon eux, les désavantage.
Malgré le froid, quelques dizaines de livreurs se sont rassemblés sur la place Stalingrad à Paris, portant des chasubles de syndicats et certains tenant leur vélo. Depuis le 10 octobre, un nouveau système de tarification a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, afin de "valoriser le temps passé à réaliser la course", selon la plate-forme.
Ce nouveau système a été généralisé depuis le 1er novembre et Uber Eats affirme que cela augmente même légèrement le revenu moyen par course de 1,4% dans les villes pilotes.
"variable d'ajustement » du système"
Cependant, les livreurs décrivent une réalité différente. Adrien, un livreur de 37 ans interrogé par l'Agence France-Presse, affirme avoir remarqué que les courses de 1 ou 2 kilomètres sont payées 2,85 euros sur Uber Eats, contre 3,30 euros auparavant. Il se demande quel sera le prochain recul et si les livreurs devront même payer pour effectuer des livraisons. Il a l'impression d'être la "variable d'ajustement" du système.
Des mouvements de protestation avaient déjà eu lieu en novembre, avec environ 65 000 livreurs indépendants utilisant Uber Eats en France. À Bordeaux, une vingtaine de livreurs, accompagnés de militants de la CGT et de Philippe Poutou, porte-parole du NPA, se sont rassemblés pour demander une amélioration de leur rémunération et de leurs conditions de travail.
Selon Danielle Simonnet, députée de La France insoumise présente au rassemblement parisien, les plates-formes utilisent la promesse de rémunération horaire minimale de 11,75 euros afin de « faire baisser le prix des courses » pour les livreurs, qui sont considérés comme des « tâcherons du XXIe siècle ».
"Esclavage moderne"
Cependant, cela signifie cumuler plusieurs courses pendant une heure pour atteindre cette rémunération, ce qui fait considérablement baisser le prix de chaque course individuelle.
Pour David Belliard, élu à la Mairie de Paris, cela crée une situation d'esclavage moderne. Il demande aux plates-formes d'Uber Eats de requalifier les contrats des livreurs en salariat. Il regrette également que ce système de rémunération incite les livreurs à prendre des risques inconsidérés pour eux-mêmes et pour les autres, dans une ville où les « livraisons de repas ont explosé ces dernières années ».