Élection libyenne, vers une opposition entre Israël et l’Algérie par candidat interposé
Par belkacemgPublié le
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye divisée est en proie au chaos propice à l'implantation des djihadistes de l'État islamique. Pour la première fois de l’histoire du pays, des élections présidentielles auront lieu le 24 décembre 2021. Les élections libyennes suscitent l’intérêt de plusieurs pays, dont Israël, qui espèrent tirer profit des richesses naturelles dont regorge la Libye en s’immissant dans le processus électoral.
Israël s’immisce dans les élections libyennes et parie sur Haftar
Depuis l’annonce de sa candidature aux élections présidentielles libyennes, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Armée nationale libyenne (ANL), s’attelle à trouver les soutiens internationaux nécessaires qui légitimeraient la magistrature d’un militaire à la tête du pays.
Un temps marginalisé après sa débâcle militaire en 2020, lors de la bataille de Tripoli contre les forces du GNA dirigé par son rival, Fayez El-Sarraj, Haftar semble retrouver grâce aux yeux de certains dirigeants mondiaux qui espèrent l’aider à concrétiser ses ambitions politiques à défaut d’avoir réussi ses aspirations militaires.
En cela, Israël, qui a déjà lancé une offensive diplomatique au Maghreb en normalisant ses relations avec le Maroc, semble passer à l’offensive sur le cas libyen en lorgnant Haftar. En effet, selon la chaine Al Jazeera, qui cite une source israélienne, un avion appartenant à l’entourage du maréchal a atterri à l’aéroport David Ben Gourion à Tel-Aviv. Il s’agit d’un jet privé transportant un personnage proche de Haftar. L’avion a décollé depuis Dubaï, pour Tel-Aviv avant de se rendre en Égypte. Certaines sources affirment d’or et déjà que « le général bénéficie du soutien de la Russie, de l’Égypte, des Émirats Arabes Unis, de la Jordanie, de la France, ainsi que d’Israël ».
Israël pose ses pions au Maghreb et encercle l’Algérie
L’offensive israélienne au Maghreb presse de plus en plus l’Algérie, puissance dominante dans la région. Cette dernière, très soucieuse de sa zone d’influence en Afrique du Nord et au Sahel, voit d’un mauvais œil l’influence grandissante de l’État hébreu prés de ses frontières. Après la normalisation des relations Israélo-marocaine et l’implication de Tel-Aviv dans les élections libyennes, Alger se sent de plus en plus acculée et pèse de tout son poids diplomatique et économique pour stopper l’avance israélienne, en est pour preuve la question de l’octroi par statut d’observateur à Israël au sein de l’union africaine qui fut freinée par les contestations algériennes, et reportée à février 2022.
L’Algérie sur la défensive
Les prochaines élections libyennes semblent pousser l’Algérie vers une position attentiste et méfiante. Fragilisée sur le plan interne par le Hirak et externe par certaines puissances qui veulent affaiblir son rôle dans la région, l’Algérie se démène sur deux fronts pour faire face à ces défis et éviter sur son territoire la contagion d’un scénario libyen.
Riche en pétrole, gaz et partageant plus de 982 km de frontières communes avec la Libye, il est difficile de faire sans l’Algérie lors des prochaines élections. Par ailleurs, Alger a clairement pris position pour le gouvernement de l’unité nationale et n’entend aucunement soutenir Haftar. A cet effet, Najle Mangouch, le ministre libyen les affaires étrangères, en visite à Alger, dans le cadre de la cérémonie de 67eme anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne, a souligné le rôle joué par l’Algérie dans le conflit libyen et son soutien au gouvernement de l’unité nationale. Avant d’ajouter que « le président Tebboune a affiché, comme toujours, son soutien total au gouvernement de l’unité nationale et au peuple libyen ».
Quel avenir pour la Libye ?
Longtemps dans le chaos, les élections libyennes entendent instaurer un semblant de stabilité et assoir le renouveau libyen. Néanmoins, la multiplication des acteurs et les dernières évolutions laissent entrevoir une complexification de la situation. La candidature de Khalifa Haftar, bien qu’attendu, pourrait marquer le début d’une nouvelle stratégie pour certains États en vue de le stopper ou de le soutenir. Personnage clivant, le maréchal peut approfondir les divisions dans le pays en cas de défaite et relancer les violences qui freinent depuis longtemps le développement du pays.
Disposant de réserves de pétrole importantes, et d’une situation géographique à la croisée de l’Afrique du Nord, du sud de la méditerranée, du Sahel et du Moyen-Orient, la Libye représente un enjeu géopolitique important qui se trame sur des dimensions régionales et internationales. Des alliances entre diverses puissances se font et se défont au rythme des intérêts changeant. Le jeu en Libye s’est intensifié pour devenir une lutte d’influence géostratégique de plus en plus dangereuse impliquant les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Russie, Israël, le Qatar, la Turquie, la France et l’Algérie.