L'Algérie et le Maroc, grands absents du 6e forum régional de l’Union pour la Méditerranée
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Les ministres des affaires étrangères du Maroc et de l'Algérie ont annulé leur venue au forum de l'Union pour la Méditerranée (UPM), qui se tiendra dès lundi à Barcelone.
Les ministres des affaires étrangères du Maroc, Naser Burita, et de l'Algérie, Ramtane Lamamra, ont annulé leur venue au forum de l'Union pour la Méditerranée (UPM), qui réunira lundi à Barcelone les 27 pays de l'UE et 15 États riverains de la mer Méditerranée. Tous deux se sont entretenus par téléphone avec leur homologue espagnol, José Manuel Albares, et, selon des sources diplomatiques, ils ont regretté de ne pouvoir être présents, arguant que la réunion coïncide avec le sommet qui se tient lundi et mardi à Dakar (Sénégal) entre l'Union africaine et la Chine, leur premier bailleur de fonds et l'un des plus gros investisseurs du continent.
L'absence de M. Burita a fait échouer ce qui devait être la première réunion en face à face entre les ministres des affaires étrangères espagnol et marocain depuis le début, en mai dernier, d'une crise diplomatique. Rabat a rappelé son ambassadeur à Madrid, Karima Benyaich, pour consultations après que l’Espagne ait accueilli, fin avril, pour des soins médicaux, le chef des du Front Polisario, Brahim Ghali. Albares et son homologue marocain avaient prévu de se rencontrer en septembre à l'Assemblée générale des Nations unies, mais la réunion a été reportée sans date.
Bien que le roi Mohammed VI ait eu des paroles conciliantes à l'égard de l'Espagne, les relations ne se sont pas normalisées. Il y a une semaine, l'Espagne s'est plainte diplomatiquement de l'installation d'une ferme piscicole dans les eaux au large des îles Chafarinas. M. Albares a minimisé l'importance de la protestation, affirmant qu'il s'agissait d'une question de friction habituelle entre pays voisins, et s'est dit convaincu que l'incident ne ternirait pas le rétablissement des relations bilatérales. Lors de ses conversations téléphoniques, le ministre a convenu avec ses homologues marocains et algériens de "continuer à travailler ensemble pour renforcer la relation commune", selon des sources diplomatiques.
L'absence du ministre algérien est moins significative, car Albares l'a déjà rencontré le 30 septembre à Alger et le 21 octobre à Tripoli (Libye), à chaque fois pour obtenir des garanties quant à l'acheminement du gaz vers l'Espagne suite à la fermeture du gazoduc qui traverse le territoire marocain. Toutefois, l'absence des ministres marocain et algérien empêchera la réunion d'aborder une crise qui s'est aggravée en août avec la rupture des relations diplomatiques entre les deux États du Maghreb. Il y a quelques semaines, les deux pays étaient au bord de la confrontation militaire après la mort de trois camionneurs algériens.
Une réunion amoindrie
La rencontre sino-africaine au Sénégal et la nouvelle variante du coronavirus, qui ont conduit les ministres des Affaires étrangères d'Israël et d'Autriche à annuler leurs voyages, ont joué contre la réunion de Barcelone. Les chefs de la diplomatie de la France, de l'Italie, du Portugal, de l'Égypte et de la Palestine ont en revanche confirmé leur présence. En prélude à la réunion officielle, M. Albares a organisé un dîner pour ses homologues ce dimanche au Musée national d'art de Catalogne.
L'UPM est née en 2008 comme étant un forum de dialogue entre les pays riverains de la Méditerranée. Le lancement de ce forum coïncide avec la célébration, pour la première fois, de la Journée de la Méditerranée, instituée en 2020 pour promouvoir l'identité commune et la coopération entre les habitants des pays bordant la grande bleue tous les 28 novembre. Le processus de Barcelone, précurseur de l'UPM, a été lancé à cette date en 1995.