Libye : incertitudes autour des élections
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Chaque jour qui passe apporte son lot de rebondissement lors des élections présidentielles libyennes qui avancent tant bien que mal. Nommé en janvier, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, le Slovaque Jan Kubis, n’aura même pas tenu un an à son poste.
Démission de l’émissaire onusien en Libye
Selon une formule diplomatique, le secrétaire général de l’organisation Antonio Guterres a accepté « avec regret » sa démission le 23 novembre. L’ancien ambassadeur britannique Nicholas Kay, qui fut envoyé spécial de l’ONU en Somalie de 2013 à 2016, est pressenti pour lui succéder rapidement, alors même que la situation ne cesse de se dégrader en Libye.
La démission de l’émissaire de l’ONU Jan Kubis, le 23 novembre, montre à quel point la situation est délétère en Libye, à un mois d’un scrutin présidentiel fortement contesté. « Il y avait des doutes sur la capacité de Jan Kubis à comprendre la complexité de la situation libyenne», rappelle Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. « Ces élections sont une source de tensions supplémentaires, elles font craindre la fin de l’accalmie. Ces derniers mois, l’ONU a été peu active et silencieuse, Jan Kubis ne voulait pas être responsable d’un échec. »
"Le secrétaire général, Antonio Guterres, travaille à un remplacement approprié. Nous sommes pleinement conscients du calendrier électoral et nous travaillons aussi rapidement que possible pour assurer la continuité du leadership", a déclaré Stephane Dujarric porte-parole de l’ONU. Le diplomate britannique, Nicholas Kay, est pressenti pour être son remplaçant, a rapporté l'agence de presse Reuters. Le Conseil de sécurité de l'ONU, composé de 15 membres et fonctionnant par consensus, doit approuver une nouvelle nomination.
M. Kubis est un ancien ministre slovaque des affaires étrangères qui a également été coordinateur spécial des Nations unies pour le Liban et envoyé spécial des Nations unies en Afghanistan et en Irak. Le Conseil de sécurité a approuvé sa nomination en tant que médiateur pour la Libye en janvier, succédant à Ghassan Salame, qui a démissionné en mars 2020 en raison du stress.
La candidature de Kadhafi fils, rejetée
Alors qu'il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour "crimes contre l'humanité", la commission électorale en Libye a annoncé, mercredi 24 novembre, avoir rejeté la candidature à l'élection présidentielle de Seif al-Islam Kadhafi, fils de l'ex-dictateur, qui comptait se présenter au scrutin prévu le 24 décembre. La commission a également exclu Nouri Bousahmine, Ali Zidane, Mohamed Cherif et Bechir Saleh de la liste des candidats à la présidentielle.
À noter que dans la région du Fezzan, dans le Sud, il est même fait état d’affrontements entre des partisans du maréchal Haftar et ceux de Saïf Al Islam Kadhafi.
La HNEC a annoncé mardi, au lendemain de la clôture du dépôt des candidatures, que 98 candidats, dont deux femmes, avaient soumis leur dossier pour briguer le poste de chef d’État.
Parmi les candidats les plus en vue figurent encore le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle de facto l’Est et une partie du Sud libyen, l’influent ex-ministre de l’intérieur, Fathi Bachagha, et le chef du gouvernement intérimaire, Abdel Hamid Dbeibah.Les dossiers de ces trois derniers ont été validés par le HNEC, a-t-elle annoncé mercredi.