Manifestation de jeunes chômeurs diplomés réprimée par la police... (DR)

Elections municipales en Tunisie. Le ras-le-bol de la jeunesse laissée-pour-compte

Les Tunisiens se préparent à élire leurs représentants municipaux le 6 mai prochain. Une étape politique significative de l’état du pays huit ans après le tournant historique de la Révolution du jasmin. Et il faut bien constater, aujourd’hui, que celui-ci s’est bel et bien fané, que cette révolution-là ne soulève plus d’enthousiasme, notamment parmi les jeunes qui en furent pourtant, tout comme en Egypte, les fers de lance.

Des jeunes laissés-pour-compte, piégés entre l’intégrisme islamiste rampant qui leur promet monts et merveilles dans l’au-delà et les marchands d’illusions aux commandes du pays. Rien, pas la moindre perspective d’un programme d’envergure pour résorber le chômage, notamment dans les campagnes déshéritées. Du coup, les jeunes invités à s’impliquer (1) expriment plutôt leur ras-le-bol. Ils disent, sans hésiter, combien ils ne sont plus dupes devant le discours des uns et des autres. Ils sont démobilisés. Ils ne se permettent plus que des rêves.

« Je voudrais que la route soit repavée, et les poubelles ramassées, qu'on n'ait plus de l'eau jusqu'aux genoux dès qu'il pleut une demi-heure », énumère un jeune homme, cité par l’AFP qui a fini le lycée l'été dernier et travaille le temps d'économiser pour se payer des études de cinéma, selon cette même source. « Ici, il n'y a même plus de maison de jeunes, pas un seul terrain de foot », déplore-t-il en parlant de son quartier à Tunis….

Cela étant, c’est, sans surprise, les islamistes d'Ennahdha et Nidaa Tounès, le parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi, qui vont sans doute rafler la mise. Ils sont les seuls à présenter des listes dans l'ensemble des 350 municipalités. On imagine sans peine les tractations et autres arrangements en coulisse pour se partager le pouvoir local.

Chassez le naturel, il revient au galop...

(1) Pour les municipales du 6 mai, les premières de l'après-révolution, un tiers des électeurs (32%) et la majorité des candidats (29.660, soit 52%) ont moins de 36 ans -la loi prévoit un quota de trois jeunes par liste.