Encore du grain à moudre pour l’extrême droite en France
Par yazPublié le
Marine Le Pen, présidente du Front National, n’a pas de souci à se faire pour sa communication. Elle a trouvé en Claude Guéant, ministre français de l’Intérieur, le meilleur porte-parole qui soit.
En déplacement à Nantes (Loire-Atlantique), le ministre s’est laissé aller devant la presse, livrant quelques réflexions qui vont sûrement réjouir la fille Le Pen.
«En 1905, il y a avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 10 millions. Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème», regrette le ministre.
Et de reprendre sans surprise le thème des «prières dans les rues» qui «choquent un certain nombre de concitoyens».
Les propos du ministre ne sont pas sans rappeler ceux tenus à la veille des élections cantonales. «Les Français à force d'immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale (…) Nos compatriotes veulent choisir leur mode de vie, ils ne veulent pas qu'on leur impose un mode de vie».
Les dernières élucubrations de Claude Guéant tombent surtout à point à la veille du fameux «débat» organisé, mardi 5 avril, par sa famille politique sur la laïcité. Le ministre confirme du coup que l’UMP tente en réalité de concentrer l'attention de l'opinion sur la place de l’Islam en France et sur l’immigration.
Conviés aujourd’hui dans un hôtel parisien, les militants sont supposés débattre de la mixité dans les piscines, des carrés musulmans dans les cimetières, des repas confessionnels à la cantine, de la neutralité des services publics et… des prières dans les rues.
Depuis près d’un mois, la droite fait feu de tout bois pour donner aux questions ainsi mises bout à bout la dimension d’un grand problème de société qui met en péril la laïcité. Tout y passe : tapage médiatique à grande échelle, simulacre de polémiques, de joutes verbales entre les ténors de la majorité, jusqu’à l’arbitrage du chef de l’Etat.
Nul ne peut en douter, les dispositifs réglementaires existent pour la « gestion » par les municipalités des questions soulevées. D’autant que les représentants de l’Islam en France y sont parfaitement attentifs.
Mais l’UMP, qui d’ailleurs ne s’en cache pas, est très pressée d’aller à la reconquête de l’électorat qui lui a fait faux bond aux cantonales au profit de l’extrême droite. Le thème est donc tout trouvé pour ficeler les discours qui pourraient faire mouche. Quels meilleurs boucs émissaires que les musulmans et immigrés par les temps qui courent, de risques d'afflux massifs de réfugiés venus du sud de la Méditerranée ?
C’est tout compte fait, Marine Le Pen, patronne du Front National, qui a donné le ton du supposé «débat » sur la laïcité. La belle aubaine, qui va encore lui donner beaucoup de grain à moudre.