Maroc: les associations ouvrent le débat sur la question sensible de l’avortement
Par yazPublié le
Au Maroc, 600 à 800 femmes avortent chaque jour dans la clandestinité, dans des conditions d’hygiène déplorables, selon l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (Amlac).
L’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de danger pour la vie de la mère. Les auteurs de cet acte sont passibles de un à cinq ans de prison.
Avec d’autres organisations, des médecins, des universitaires et des personnalités politiques, l’association Amlac demande que l’interruption de grossesse soit autorisée en cas de viol, inceste et malformation grave du fœtus.
« Nous plaidons pour que soit pris en compte la santé physique, mentale et psychique de la mère. Que l’on puisse autoriser l’interruption volontaire de grossesse en cas de viol, d’inceste et de malformation du fœtus », explique Chafik Chraïbi, professeur de gynécologie obstétrique et président de l’Amlac.
« Je reçois chaque jour des jeunes filles avec des complications graves à la suite d’avortements, qu’ils soient réalisés dans des cabinets médicaux clandestins ou pratiqués par des “faiseuses d’anges” », révèle-t-il.
"Notre corps appartient à Allah…"
« On parle de la liberté de la femme, mais qu’en est-il du droit du fœtus ? », rétorque de son côté Hanan Idrissi, médecin, membre de l’Association marocaine pour le droit à la vie de l’embryon, proche du Parti pour la Justice et le Développement (islamiste) au pouvoir.
«Dans notre culture musulmane, on n’est pas libre de faire ce que l’on veut ! Notre corps ne nous appartient pas, il appartient à Allah ! »
« Le viol, l’inceste c’est dramatique. Mais on ne peut pas traiter ces questions de cette façon. Assouplir la loi, c’est la porte ouverte à tout, c’est encourager l’avortement ! », s’exclame-t-il
Au Soudan, le code pénal autorise l’avortement en cas de viol. Pour des raisons de santé physique et mentale de la mère et en cas de malformation du fœtus, l’avortement est autorisé en Jordanie, au Koweït, au Qatar, en Algérie, en Égypte et en Iran. La Tunisie et la Turquie sont les deux seuls pays à l’avoir légalisé complètement.