Une Terre méditerranéenne : Arles, au Sud de l’Europe et au Nord de la Méditerranée
Par N.TPublié le
Arles est un concentré de Méditerranée pour la richesse de son patrimoine d’art et d’histoire (en 2011, la ville d’Arles fête le trentième anniversaire de son inscription au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO) et sa situation géographique remarquable, capitale de la Camargue, qui vit entre deux eaux, limité au sud par la mer Méditerranée, et protégé entre les deux bras du Rhône, cette Camargue qui est considérée comme un des plus beaux sites naturels d’Europe.
Rencontre avec Christian Mourisard, Adjoint au maire d'Arles, Président de l'Office de Tourisme, délégué au Patrimoine, au Tourisme et à la Coopération Décentralisée le week-end du 14 juillet à l’heure où chaque espace de la cité arlésienne devient un musée vivant, habité par une exposition de photographies, un concert, une projection, un stage autour des musiques du monde ou une conférence.
La ville d’Arles est à la fois lovée dans un recoin de Provence, au carrefour de grands axes de l’Europe Occidentale (route de la vallée du Rhône et route Italie-Espagne) et près de la mer Méditerranée. Cette commune, de loin la plus grande de France avec une superficie de 77 000 hectares (soit sept fois la taille de Paris ou quatre fois celle de Marseille), a basé sa stratégie de développement local sur la valorisation de son patrimoine et le renforcement de son attractivité touristique. Et, disons le tout de go, ça marche !
Jusqu'à deux millions de visiteurs par an
Une grande partie de la population arlésienne travaille dans ces secteurs et le soutien à l’économie locale est prépondérant. Arles accueille chaque année jusqu’à deux millions de visiteurs français, européens et internationaux, avec une plus forte concentration au moment de la féria de Pâques (qui ouvre la saison tauromachique française) et durant la période estivale des festivals. Le tourisme est d’ailleurs une activité majeure de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui est la première région d’accueil pour les touristes français et la seconde pour les touristes étrangers après l’Ile-de-France (Source : Comité départemental du tourisme des Bouches-du-Rhône (2009) Le Tourisme, secteur clé du département).
Sans doute la lumière de la cité arlésienne, celle qui a charmé Van Gogh et rend aujourd’hui le nom de la ville indissociable de lui de l’artiste, y est-elle pour beaucoup. Mais il y a aussi la richesse des sites romain, roman et classique que son centre historique abrite : ceux sont pas moins de 112 sites classés au patrimoine national et depuis 1981 au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Sans compter la découverte récente lors de fouilles archéologiques sous-marines menées dans les eaux du Rhône de nombreux éléments de statuaire antique dont certains la pièce rare qu’est le buste de marbre réaliste de Jules César, fondateur de la ville en 46 avant J.-C et unique représentation du dictateur romain faite de son vivant.
Arles c’est aussi une offre muséale et culturelle riche avec notamment le Musée départemental de l’Arles Antique qui a connu une fréquentation historique de près de 400 000 visiteurs en 2010 grâce à l’exposition du Jules César trouvé dans le Rhône. Arles est aussi le siège d’une des plus importantes maisons d’édition française, les Editions Actes Sud et d’un label important de musiques, Harmunia Mundi, spécialisé dans la musique classique et les musiques du monde.
Tout au long de l’année, mais plus particulièrement d’avril à octobre, la capitale de la culture provençale vit au rythme des fêtes traditionnelles (l’élection de la Reine d’Arles, la fête des Gardians, la Feria de Pâques autour de la corrida et en septembre la Feria du riz, festival du cheval et de Camargue Gourmande) et des festivals autour des cultures méditerranéennes : les Rencontres Internationales de la Photographie, connues sous l’appellation des Rencontres d’Arles, sont à la photographie ce que Cannes est au cinéma ; le festival Les Suds Arles, qui propose une semaine des musiques d’ici et d’ailleurs, et qui en 2011 a battu son plein du 11 au 17 juillet dernier avec une 16ème édition qui a connu un record de fréquentation avec plus de 60 000 festivaliers pour des concerts dans les lieux précieux de la ville; ou encore le festival Arelate, les journées romaines, et le festival du film Peplum la dernière semaine d’août.
Christian Mourisard, lors de l’interview à l’Hôtel de Ville d’Arles, 2011 © Nadia Bendjilali
Arles est donc une ville qui vit de culture, de tourisme et de la valorisation de son patrimoine, comme l’explique Christian Mourisard : « Pour nous, le patrimoine est un triptyque : un patrimoine vivant, un patrimoine partagé et un levier économique basé sur un développement équitable car je souhaite que la mondialisation apporte cela, un progrès d’autre social pour tous, dans les pays du Nord comme du Sud. Sur le premier point, il est important de conserver et de développer des centres anciens sans exclusion. Pour Arles, cela veut dire une ville qui soit le reflet de la cité dans sa disparité, dans tous ses croisements de peuples que ce soit depuis les grecs qui sont venus à Salin-de-Giraud, aux italiens qui sont venus faire la Camargue en creusant les canaux, mais aussi les espagnols qui sont venus repiquer le riz jusqu’aux maghrébins qui travaillent aujourd’hui dans les mas agricoles. »
Eglise Saint Trophime : vue de nuit © OT Arles
S’agissant du patrimoine partagé, la cité arlésienne abrite une parcelle du patrimoine de l’Humanité : il suffit de se laisser porter par ses pas, dans le dédale des ruelles de la ville, pour s’en persuader. « Ce patrimoine appartient à tous, poursuit l’élu. Par exemple, le porche de Saint Trophime est admirable et constater que des personnes passent devant sans le voir me désole. Ce n’est même pas la connotation religieuse qui est importante, reste la spiritualité et plus encore le fait que c’est l’expression du génie de l’homme. Ce même génie que je ressentirai si un jour je vais au Mali voir la Grande Mosquée de Djenné, le plus grand bâtiment de brique de boue dans le monde. »
Enfin, M. Mourisard bat en brèche le préjugé selon lequel le patrimoine coûte beaucoup et rapporte peu : « Une étude a été effectuée sur les retombées économiques du secteur patrimoine : l'investissement d'1 euro dans le patrimoine équivaut à 8 euros de retombées. » Et de poursuivre : « L’activité économique d’Arles est basé pour environ 32 à 33% sur l’activité touristique. Or, s’il y a bien une chose qu’on ne pourra jamais délocaliser ce sont bien les monuments donc le patrimoine est un élément de vie quotidien avec la population, un enjeu de synergie entre les acteurs culturels, touristiques et patrimoniaux pour une avancée sociale, économique et environnementale du territoire. Une étude présentée en septembre 2011 dans la continuité du travail entrepris par l’Agence pour le développement et la valorisation du patrimoine en région PACA depuis 2005, dans le cadre des missions de valorisation et de connaissance du patrimoine qui lui ont été confiées par l’Etat et la Région, et de l’observatoire mis en place permet aujourd’hui un état des lieux de l’économie du patrimoine. »
Un état des lieux de l’économie du patrimoine
Arles fait partie, comme une trentaine de villes, de l'Association des Villes Européennes pour la Culture (AVEC), un réseau créé en 1997 pour partager leur expérience dans le domaine de la protection et de la mise en valeur des patrimoines. « Volontairement nous avons ouvert ce réseau vers la Méditerranée parce que, dans le cadre de coopération et d’échanges de bonnes pratiques, la dimension méditerranéenne nous semblait primordiale. Pour moi, poursuit-il, la coopération décentralisée est un axe fort des échanges autour de la gestion patrimoniale méditerranéenne. Nous avons toujours beaucoup à apprendre des autres. Et c’est une des motivations de notre inscription dans l’initiative Medina 2030 de la BEI ».
Fin 2008, dans la cadre de la Biennale architecturale de Venise, la Banque Européenne d’Investissement lançait son Initiative «Médinas 2030». Les quartiers historiques des villes de ce programme ne sont pas tous à proprement parler des médinas mais des centres anciens patrimoniaux qui manquent d’infrastructures et d’équipement et de fait, ne cessent de se dégrader, abritant une population de plus en plus pauvre. Il s’agit donc de mener à bien une réhabilitation de ces quartiers en stimulant les échanges entre les villes de la Méditerranée et en montant des projets pilotes qui catalysent des financements. « Pour reprendre la formule de notre Président de région, Michel Vauzelle, Arles est bien au Sud de l’Europe et au Nord de la Méditerranée, conclut-il. Nous sommes du pourtour méditerranéen, nous partageons le même creuset avec les pays et les peuples de la rive Sud de la Méditerranée ! »
Pour en savoir plus :
Le site de l’Office du Tourisme d’Arles : www.arlestourisme.com
Le site patrimoine Ville d’Arles : www.patrimoine.ville-arles.fr
Pour connaître les projets d’Arles dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture, le site de MP2013 : www.mp2013.fr