Pourquoi est-on raciste ?

Selon le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, 517 actes antisémites et anti-musulmans ont été enregistrés en France en 2016. À cela doit s’ajouter les quelque 1050 atteintes aux lieux de culte commis durant la même année. Bien que les chiffres soient généralement en baisse comparés aux années précédentes, le racisme persiste dans l’Hexagone. Alors, une question mérite particulièrement notre attention : pourquoi est-on raciste ? 

« Les Noirs sont violents. Les Arabes sont des voyous, des voleurs… etc ». Ces préjugés ont la vie longue. Derrière ces idées préfabriquées se cache le racisme. Un phénomène vécu au quotidien par des dizaines de milliers de victimes à travers le monde. Le racisme complique la vie aux personnes perçues comme étant différentes et bien souvent comme étant inférieures en raison de la couleur de leur peau, ou de leur appartenance religieuse. Il leur rend le quotidien plus difficile. L’apartheid, l’esclavage sont des exemples parmi tant d’autres. Aussi, il est évident que nous ne naissons pas racistes mais nous le devenons en grandissant. 

En réalité, les racistes ont tendance à classer les individus en fonction de leur « race ». Pourtant, pour la génétique, cela n’existe pas. Ce serait une illusion. D’après certains savants, tout le monde descendrait d’un ancêtre commun. D’une femme africaine, il y a près de 300.000 ans. Mais tous ne sont pas d’accord sur cette analyse. Nourmane Rahouti, de l’université de Floride Centrale à Orlando, préfère nuancer. « Il existe des races, ou plutôt des ethnicités, qui au fil du temps, se sont croisées pour former de nouvelles ethnicités. Ne pas le reconnaître, ou être mal à l'aise avec l'idée, c'est répondre à l'extrême par un autre extrême. »

D’après des recherches réalisées par Jeanne France et Gilles Landry, le racisme est principalement causé par la volonté de domination. 

« Quand un groupe veut en dominer un autre, il commence toujours par le faire par la force. En effet, personne ne laisse quelqu’un d’autre prendre du pouvoir sur sa vie sans se défendre. C’est donc le plus fort qui gagne. Pour se justifier, le groupe le plus fort finit toujours par rabaisser le plus faible. Comment ? En disant que tous les individus du groupe le plus faible ont les mêmes défauts (par exemple, tous les Noirs sont moins intelligents, tous les pauvres sont paresseux, toutes les femmes sont illogiques, tous les Amérindiens sont alcooliques). Avec le temps, les membres du groupe le plus fort en viennent à penser qu’ils sont vraiment supérieurs. Ils finissent même par se dire que c’est leur devoir de protéger les plus faibles. C’est pourquoi ils trouvent normal de tout contrôler. » 

 

La domination n’est pas le seul facteur. En dehors du sentiment de supériorité ressenti, les racistes expriment souvent une sensation de peur et/ou de méfiance envers une voire plusieurs communauté(s). Cela peut s’expliquer par les préjugés, les stéréotypes, la méconnaissance, le besoin d’appartenance ou encore le fait de généraliser. 

Lors d’une interview, Ninian Hubert Van Blyenburgh, Anthropologue et chargé de la diversité à la ville de Genèvea avait déclaré : « La peur de l’autre et de la différence est quelque chose d’ordinaire qu’on peut alimenter par certains types de discours. » 

Le racisme peut donc aussi être alimenté par certains médias à très forte audience. Sous prétexte de liberté d’expression des journalistes ou des invités expriment ouvertement des propos racistes. Un public mal averti risque de prendre pour argent comptant ce genre de propos et ainsi participer à la propagation de clichés dépourvus de vérité. Être mal informé est une cause non-négligeable du racisme. La méconnaissance renforce la peur des individus envers une catégorie de personnes. 

À ces facteurs, s’ajoute le fait de généraliser à partir d’une situation vécue. Comme le dit Nourmane Rahouti :

 « L'homme extrait donc naturellement des concepts qu'il croit universels à partir de ses expériences dans la société. L'universel ne veut en aucun cas dire qu'il faut détruire les différences. Un principe qui se veut universel mais qui laisse à l'écart certaines particularités de son univers, comme le voile ou la barbe par exemple, n'est plus universel. Il devient alors partiel et, par la même, représente sa première menace de destruction. »