Les pays arabes dévoilent un plan de reconstruction pour Gaza. L’ONU le soutient, Tel Aviv et Washington envisagent de le torpiller

Les pays arabes dévoilent un plan de reconstruction pour Gaza. L’ONU le soutient, Tel Aviv et Washington envisagent de le torpiller

Les pays de la Ligue arabe ont dévoilé, lors d’un sommet au Caire le 4 mars, une feuille de route pour la reconstruction du territoire et la stabilisation politique. Soutenu par l’ONU, ce plan de 53 milliards de dollars sur cinq ans se pose en alternative au projet Trump de prendre possession de Gaza et de déporter ses habitants vers l’Égypte ou la Jordanie. 

Pour garantir la transparence, un fonds international supervisera les financements, avec l’objectif de mobiliser donateurs, institutions financières et secteur privé lors d’une conférence ministérielle au Caire.

Le plan se structure en trois phases. La première étape, sur six mois, cible l’urgence : déblaiement des débris, neutralisation des engins non explosés et relogement temporaire de 1,5 million de personnes dans des unités préfabriquées. 

La deuxième phase (2024-2027), dotée de 20 milliards de dollars, priorise la reconstruction des infrastructures essentielles (routes, réseaux d’eau, électricité) et la construction de 200 000 logements permanents pour 1,6 million de personnes. Elle inclut également la réhabilitation de 810 000 hectares de terres agricoles, cruciales pour l’autonomie alimentaire.

Enfin, la troisième phase (2027-2030), avec 30 milliards de dollars, ambitionne de finaliser les infrastructures et de développer des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport, afin de relancer l’économie locale.

Réunification des palestiniens sous l’égide de l’OLP

Au cœur du plan arabe se trouve la réunification des Palestiniens sous l’égide de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), excluant explicitement le Hamas. Durant une transition de six mois, un comité de technocrates indépendants administrerait Gaza avant que l’AP n’en reprenne le contrôle. Mahmoud Abbas, président de l’AP, a réaffirmé sa volonté d’organiser des élections présidentielle et législatives « l’année prochaine », sous réserve que « les conditions soient réunies ». Toutefois, aucun calendrier concret n’a été fourni, et la faisabilité de scrutins dans un Gaza dévasté reste incertaine.

Pour sécuriser cette transition, l’Égypte et la Jordanie s’engagent à former les forces de sécurité palestiniennes. Le plan évoque aussi une possible présence internationale, via une résolution de l’ONU déployant des casques bleus ou des forces de protection.

Si Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, salue un plan « fermement soutenu », et que le Hamas lui-même exprime une approbation surprenante malgré son exclusion, Israël rejette catégoriquement la proposition. Sur X, la diplomatie israélienne a accusé les pays arabes de « rejeter sans équité » le plan américain et de diffamer l’État hébreu.

Ce plan arabe incarne une tentative régionale de reprendre l’initiative dans un conflit gelé, en liant reconstruction humanitaire et stabilisation politique. Quels moyens ont les pays arabes de l’imposer à la coalition Israélo-américaine qui se prépare d’ores et déjà à la torpiller ?