Sur le Marché du Vieux Port, Marseille est une chanson (Reportage)
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
Aux premières heures du marché dominical sur les quais, l’ambiance d’un début de fête. Les marchands alignés en rangées parallèles soignent leurs étals. Des sourires partout, sur toutes les lèvres. Il y a comme une gaieté providentielle dans l’air doux de cette journée d’hiver surprenante.
Ici, un café éthiopien vous fait de l’œil, et la marchande au visage lumineux vous retient d’un seul regard. Là les croissants et les pains rustiques d’une boulange vous taquinent les narines.
Puis à quelques pas, une invite au voyage dans l’univers de gourmandises irrésistibles. Des fromages raffinés, aromatiques, crémeux. Des biscuits croustillants, délicats, parfumés. De la charcuterie du terroir, des produits authentiques et généreux, des vins aux étiquettes insolentes qui interpellent les palais, des légumes et des fruits qui sentent la cueillette matinale, entre laitues aux feuilles folles, carottes et pommes encore terreuses, mandarines et oranges d’un rouge écarlate.
Des nuages se promènent sereinement. Le bleu surgit de temps à autre, comme pour rassurer et un soleil furtif fait des clins d’œil. La journée sera belle...
Des grappes de personnes prennent patience au bord de l’eau. Puis une barque marseillaise glisse vers le quai, presque discrètement. Une silhouette vêtue d’un ciré bleu aux manches jaunes se tient fièrement debout à la proue. Pascal accoste en sifflotant.
Un homme aux moustaches blanches s’empare de la corde d’amarrage et la noue solidement. La chaloupe ne flotte plus que légèrement. Il pose un large bac sur des tréteaux et monte agilement à bord. Quatre bras hissent une caisse jusqu’à terre et déversent d’un coup la pêche du jour. Moustelles, rascasses, girelles, sars à tête noire, rougets, loups, labres, Lasagnes saran, beaux-yeux…
Des poissons frétillants sous l’œil de Gilles, jeune homme à la moustache fine coiffé d’un bonnet. « Je prends tout ! » s’exclame-t-il. Une prise conséquente de restaurateur qui laisse le reste des chalands sans voix.
De retour à bord, Pascal est aux prises avec ses filets qu’il a jeté à 20m de profondeur. « Je débarrasse les morceaux de poissons restés coincés. On appelle ça des couilles », répond-il à la question d’un curieux.
Comme il a pris la mer à trois heures du matin et que la pêche a été belle et rentable, il a la parole légère et le ton guilleret.
Sur le marché du Vieux Port, Marseille est une chanson.