Des millions de femmes confrontées à l'inégalité et à la violence, selon l'ONU-Femmes

Face aux inégalités et à la violence dont sont victimes des millions de femmes et de jeunes filles dans le monde, l'agence des Nations Unies pour l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres, l'ONU-Femmes, appelle dans son nouveau rapport publié mercredi à mettre en oeuvre des législations qui protègent davantage les femmes et à mettre celles-ci en première ligne dans le domaine du maintien de l'ordre.

«Les progrès des femmes dans le monde : en quête de justice» est le premier rapport majeur de l'ONU-Femmes depuis le lancement de l'organisation début 2011. Il fait état de la situation des femmes dans 139 pays et territoires.

Dans ce rapport, l'agence onusienne appelle les gouvernements à «abroger les lois qui discriminent les femmes et à garantir que la législation protège les femmes contre la violence et les inégalités» ainsi qu'à «mettre les femmes en première ligne du maintien de l'ordre» comme «policières, juges, législatrices et militantes».

La secrétaire générale adjointe et directrice exécutive d'ONU- Femmes, Michelle Bachelet, rappelle dans un communiqué publié mercredi que «la moitié de la population mondiale étant en jeu, les résultats de ce rapport constituent un appel puissant à l'action».

«Les fondations de la justice pour les femmes ont été posées : en 1911, seuls deux pays du monde accordaient aux femmes le droit de voter – aujourd'hui, ce droit est presque universel. Mais la pleine égalité nécessite que les femmes deviennent véritablement les égales des hommes aux yeux de la loi – au sein de leurs foyers et dans leurs vies professionnelles, ainsi que dans la sphère publique», a-t-elle ajouté.

Le rapport appelle également à «soutenir des services de justice novateurs, y compris des guichets uniques, une aide juridique et des tribunaux spécialisés, afin de garantir que les femmes puissent accéder à la justice à laquelle elles ont droit».

Enfin, l'ONU-Femmes exhorte les Etats à «investir dans des systèmes de justice pouvant répondre aux besoins des femmes». Les bailleurs de fonds dépensent chaque année 4,2 milliards de dollars en aide pour la réforme de la justice, mais seulement 5% de ces dépenses ciblent les femmes et les filles, précise le document.

Le document révèle que la violence conjugale est désormais interdite dans 125 pays mais, à l'échelle mondiale, 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence conjugale n'est pas considérée comme un crime.

En 2011, 52 pays au moins ont fait du viol conjugal une infraction pénale. Pourtant, plus de 2,6 milliards de femmes vivent dans des pays où celui-ci n'a pas été explicitement pénalisé. Les lois fondées sur la coutume ou la religion, qui existent aux côtés de la législation de l'Etat, restreignent fréquemment les droits de la femme au sein de la famille, notamment en matière de mariage, de divorce et de droits de succession.

Concernant le secteur professionnel, 117 pays sont dotés de lois relatives à l'égalité de rémunération, pourtant, en pratique, les salaires des femmes sont toujours inférieurs (jusqu'à 30%) à ceux des hommes dans certains pays. Et les femmes effectuent toujours plus de tâches domestiques et de soins non rémunérés que les hommes dans toutes les régions du monde.

A l'échelle mondiale, 53% des femmes exerçant une activité – 600 millions au total– occupent des emplois vulnérables, tels que des emplois indépendants ou des travaux non rémunérés pour des entreprises familiales, qui ne sont souvent pas protégés par le droit du travail.

Selon les experts de l'ONU-Femmes, il est incontestable, comme le montrent les exemples de pays tels que le Rwanda, le Népal et l'Espagne, qu'un plus grand nombre de femmes au sein du Parlement permet d'accélérer les réformes relatives aux droits des femmes. Pourtant, on compte toujours moins de 30% de femmes parlementaires dans la grande majorité des pays.

L'agence souligne également qu'à tous les niveaux, les lois existantes sont trop souvent appliquées de manière inadéquate. De nombreuses femmes renoncent à dénoncer des crimes en raison de la stigmatisation sociale et de systèmes de justice faibles. Les coûts et les difficultés pratiques peuvent être prohibitifs. Par conséquent, les taux d'abandon des affaires où les femmes cherchent réparation sont élevés, notamment dans les cas de violence fondée sur le genre.

L'ONU-Femmes recommande aux gouvernements d'investir dans «des guichets uniques qui réunissent en un seul lieu les services judiciaires, juridiques et de santé, et réduire le nombre d'étapes qu'une femme doit franchir pour accéder à la justice, comme en Afrique du Sud».

L'agence propose aussi «d'employer davantage de femmes policières comme c'est le cas en Amérique latine, où les commissariats de femmes ont engendré une augmentation des déclarations de violence fondée sur le genre» et de «fournir une assistance juridique et promouvoir la prise de conscience des femmes comme c'est le cas dans des pays aussi divers que le Pakistan, le Mexique, Fidji et le Kirghizistan».

«En modifiant les lois et en apportant aux femmes un soutien pratique afin que justice soit faite, nous pouvons faire évoluer la société et garantir que les femmes et les hommes bénéficient d'une véritable égalité à l'avenir», conclut le rapport.