Si l’État avance à peine masqué sur ses intentions d’imposer le vaccin sans directement proposer une loi dans ce sens, c’est d’abord pour des questions logistiques, voire sécuritaires(PHOTO : DR)

Comment Emmanuel Macron pourrait contraindre les 5 millions de non-vaccinés ?

Les propos d’Emmanuel Macron, qui déclarait vouloir « emmerder » les non-vaccinés n’arrêtent pas d’alimenter l’actualité. Si l’indignation de ses rivaux politiques était attendue, le débat sur une potentielle obligation vaccinale l’était moins. En effet, déjà embourbé dans l’examen du projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal, voilà que des voix s’élèvent pour instaurer la vaccination obligatoire comme l’ont fait un certain nombre de pays voisins. C’est en tout cas ce que souhaite l’ancien premier ministre Edouard Phillipe, qui veut « que l’on impose le principe d’une vaccination obligatoire ». Il rappelle que le gouvernement avait, en 2017, « décidé de rendre obligatoire un grand nombre de vaccins pour les enfants. C’est applicable depuis le 1er janvier 2018 et ça donne de bons résultats », a-t-il fait valoir.
Il faut dire qu’en Europe, certains pays ont déjà franchi le pas. Le dernier en date fut l'Italie où le gouvernement a opté pour un nouveau décret rendant obligatoire la vaccination au Covid-19 pour les plus de 50 ans.

"Nous voulons ralentir la courbe de la contagion et encourager les Italiens qui ne se sont pas encore fait vacciner à le faire", a déclaré le Premier ministre Mario Draghi lors du conseil des ministres au cours duquel la mesure a été adoptée.

L'Autriche, la Grèce ont franchi le pas

Rappelons que l’Autriche a été le premier pays de l’Union européenne à imposer la vaccination à tous ses adultes. La mesure, annoncée en novembre, sera effective le 1er février. A partir de cette date, tous les autrichiens de plus de 14 seront dans l'obligation d'avoir un schéma vaccinal complet. Dès sa mise en place, les autrichiens pourraient être contrôlé à tout moment et devront prouver leur vaccination. Grâce à un registre national de vaccination, les autorités pourront savoir qui est vacciné et qui ne l'est pas. Tous ceux qui seront répertoriés comme étant non-vaccinés recevront une lettre qui leur rappellera leurs obligations ou qui leur demandera de justifier leurs exemptions. Dans le cas où ils ne le font pas, ils seront condamnés à une amende de 7200 euros.
A signaler que depuis l'annonce du gouvernement autrichien de cette obligation vaccinale, le nombre des primos vaccinés n'a pas connu d'augmentation notable, passant de 69% le 19 novembre a 73% le 4 janvier.

La Grèce a également imposé des directives strictes pour les non-vaccinés. Ainsi, dès la mi-janvier, les citoyens de plus de 60 ans non-vaccinés seront passibles d’une amende administrative de 100 euros par mois. Les médecins, les soignants et les personnes travaillant dans les maisons de retraite ont déjà l’obligation d’être vaccinés. Idem en Pologne où les travailleurs du secteur médical, le corps enseignant, l’armée et la police seront obligés d’être vaccinés à partir du 1er mars 2022.
Enfin, en Allemagne, longtemps présentée comme l’exemple à suivre en matière de gestion sanitaire, on n’exclut pas la possibilité d’instaurer le vaccin obligatoire. Le nouveau chancelier, Olaf Scholz, a d’ores et déjà promis de tout mettre en œuvre pour qu’un texte de loi entre en vigueur dès le mois de mars 2022.

Peut-on vous obliger à vous faire vacciner ?

S’exprimant sur l’éventualité que la France impose le vaccin à tous ses citoyens, le ministre de la Santé Olivier Véran a expliqué que ce n’est "pas le choix que la France a fait". Une déclaration qui devrait rassurer les Français. Néanmoins, force est de constater que le gouvernement est revenu sur tellement de positions qu’il est difficile de prendre pour argent comptant cette affirmation.
Sur le terrain, on a l’impression que l’État avance doucement mais surement vers une obligation vaccinale. Une imposition inavouée cristallisée par un projet de loi qui renforce les restrictions sur les non-vaccinés. Si l’État avance à peine masqué sur ses intentions d’imposer le vaccin sans directement proposer une loi dans ce sens, c’est d’abord pour des questions logistiques, voire sécuritaires. En effet, le débat est si clivant qu’il peut résulter d’une crise sociale difficile à endiguer.

D’un autre côté, et c’est peut-être le point le plus méconnu, si le gouvernement rend le vaccin obligatoire, il serait tenu, par application de l’article L. 3111-9 du code de la santé publique, de garantir à chaque Français la réparation intégrale des préjudices directement imputables à cette vaccination obligatoire par l’intermédiaire de l’Oniam. Ainsi, en cas d’effet secondaire grave ou mortel, c’est l’État qui devrait indemniser les victimes, ce qui pourrait coûter très cher.

Les non-vaccinés représentent plus de 5 millions de personnes en France. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été mises en place pour convaincre ces « réfractaires ». Parmi eux, certains avancent la précipitation avec laquelle ces vaccins ont été conçus, signalant que l’on possède pas le recule nécessaire pour affirmer avec certitude que les vaccins sont sûrs. D’autres dénoncent une mesure « liberticide », parlant de « marquage » ou de « flicage ».
C’est ce qu’a filmé LCI le 3 janvier dernier, lors d'un rassemblement devant l'Assemblée nationale.

"Maintenant, on va nous parquer, nous empêcher d'aller voir nos enfants. Moi, je ne vais plus pouvoir prendre le TGV, plus pouvoir rien faire. On n'imagine pas la tyrannie", déclarait alors une femme en référence à l'entrée en vigueur prochaine du passe vaccinal.

Quelles que soient les raisons, les citoyens non-vaccinés se voient obligés d’assumer les conséquences de leur choix face à un gouvernement de plus en plus intransigeant. Certains ont quitté leur travail parce qu’on leur impose le vaccin. C’est le cas de Christophe, fonctionnaire dans le secteur de la santé:

"On me l'a imposé dans le cadre de mon travail. J'ai refusé donc je ne travaille plus".

 

En Seine-Saint-Denis, les journalistes de TF1 ont récolté le témoignage d’un homme qui avait peur que le vaccin ne détériore son état de santé.

"J'ai des problèmes de santé, donc j'ai peur qu'avec les vaccins il m'arrive quelque chose". Une réaction qui relève plus du bon sens que d’un discours irrationnel.