Algérie: le Parlement adopte un texte pour la protection des femmes, les islamistes tenus en échec
Par N.TPublié le
Les députés algériens ont adopté jeudi 5 mars un texte de loi amendant le code pénal qui introduit de nouvelles procédures pour la protection des femmes victimes de violence. Farouchement opposés à ces dispositions au nom de la charïa, les islamistes n’ont pu empêcher leur adoption. Tenu en échec, ils ont quitté la salle en éructant l'accusation saugrenue de la "préssion occidentale".
C'est non sans peine que le Parlement algérien vient d'adopter cette loi qui sanctionne les violences conjugales, le harcèlement sous ses formes publiques, conjugales, physiques ou psychologiques, et prévoit des peines allant de un an à dix ans de prison pour les maris auteurs de violences physiques contre leurs épouses .
L'opposition la plus remarquable à cette loi venue des députés islamistes qui, n'y voyant rien de plus qu'un " copié-collé des textes occidentaux qu’on veut appliquer dans des situations qui sont totalement différentes », selon Namane Laouar, chef du groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie verte. Ils ont purement et simplement refusé de voter.
Une autre abstention vient du parti des Travailleurs qui, au contraire, juge que le texte n'est pas assez sévère dans le sens de la protection des femmes contre les violences conjugales.
Le "pardon" amoindrit la portée des dispositions
L'adoption du texte représente tout de même une "avancée du droit des femmes" pour les militantes du parti FLN, même si dans la réalité des faits, cette avancée est parsemée de nombreuses embûches comme le soulignent de nombreuses associations qui pointent le manque criant de moyens pour la mise en œuvre de ce droit.
Entre autres failles, qu'est ce qui garantit l'enregistrement effectif du dépôt de plainte de l'épouse ? Quel refuge trouvera-t-elle pour se protéger ?
De même , qu'en est-il de la valeur disculpatoire du pardon que la femme peut accorder à son mari: "Dès lors que l’on introduit le pardon, la loi perd de sa substance", observe Oujdane Hamouche du Front des forces socialistes (FFS).
L'adoption de ces amendements à la veille du 8 mars, Journée de la femme, est une première en Algérie. Les associations et les partis de gauche continuent a éxiger l'abrogation du code scélerat de la famiile.