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Egypte: L’épouvantail Frères Musulmans fait les choux gras des médias occidentaux

Radios, télé, journaux, sites internet… les Frères Musulmans, qui seraient à la conquête du pouvoir, font désormais la "une" de toutes les éditions sur l’Egypte. Le combat des manifestants qui tiennent la place Tahrir depuis douze jours, et qui n’ont pas l’intention de lâcher prise, passe progressivement au second plan.

Les islamistes sont invariablement présentés comme les meneurs des négociations ouvertes dimanche avec le pouvoir. «Ils ont accepté de dialoguer, fait inédit depuis 50 ans», insiste-t-on, non sans préciser qu’ils ont jugé «insuffisantes» les propositions de réforme. Diable!

Si l’on en croît une grande partie de la presse, les Frères Musulmans seraient tout compte fait aux portes du pouvoir. Une thèse qui donne évidement du grain à moudre aux partisans d’un maintien de Moubarak jusqu’aux élections présidentielles en septembre.

Dans la réalité, ces Frères Musulmans qui font tant peur ne sont que partie prenante d’une coalition comprenant D’autres forces politiques, le parti Wafd (libéral), le Tagammou (gauche), des membres des groupes pro-démocratie ayant lancé la contestation, des figures politiques indépendantes et des hommes d'affaires.

Les discussions ont débouché sur la mise en place d’un comité, qui comprendra le pouvoir judiciaire et un certain nombre de personnalités politiques, pour proposer des amendements constitutionnels avant la première semaine de mars.

Les parties ont par ailleurs convenu de l'ouverture d'un bureau destiné à recevoir les plaintes concernant les prisonniers politiques, de la levée des restrictions imposées aux médias et de l’état d’urgence.

Les Frères Musulmans sont sans doute bien heureux de prendre ce train en marche, mais n’ont aucunement les moyens d'être aux commandes. Conscients de la place qu’ils occupent dans l’Egypte d’aujourd’hui, et de leur audience très relative, ils n’affichent d’ailleurs pas d’ambition pour la prise du pouvoir.

Contrairement à la presse occidentale qui s’empresse de les installer sur cette trajectoire, eux savent que les véritables artisans du soulèvement ne sont pas disposés à remplacer une dictature par une autre.

Réalistes, les islamistes Égyptiens préfèrent continuer à prospérer sur le terreau de la misère, qui ne manque pas aux pays des pharaons, en veillant à assouplir leur discours pour conserver une place sur la scène politique dont ils ont été privés durant une cinquantaine d’années.

Plutôt que les islamistes, ce sont à coup sûr les « jeunes révolutionnaires en colère », désormais constitués en coalition qui vont faire l’actualité brûlante de la chute inexorable du système Moubarak. Ils restent sur la place Tahrir et refusent de lever le camp tant que le Rais ne s’est pas éclipsé. Eux n’ont pas dit leur dernier mot et ne se laissent pas piégés par l’épouvantail Frères Musulmans.