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VOLTAIRE, HUGO ... REVEILLEZ VOUS, ILS SONT DEVENUS FOUS !

Marine Le Pen à 23% à l'issue du premier tour de la présidentielle. Coup de tonnerre dans un ciel (presque) serein. Tel est le résultat de décennies d'errance où les politiques n'ont pas répondu aux attentes du peuple. Pire, d'un côté ces quatre dernières années, Nicolas Sarkozy a fait des cadeaux somptueux aux plus riches tout en pressant comme des citrons les couches moyennes. Incapable, parce qu'il n'en a pas le pouvoir (celui-ci est à la Bourse), de régler les problèmes des citoyens, ils lancent des débats sur l'identité nationale, la burqa, l'islam, la laïcité. Débats qui ne font qu'alimenter le vieux fond xénophobe et raciste des Français.

De l'autre, la gauche donne une image exécrable d'elle-même, de son impuissance à trouver des solutions, à se mettre d'accord sur un candidat et un programme qu'on attend toujours. Au PS, ils donnent l'impression de se disputer les places, on ne compte plus les candidats à la candidature. Ce faisant, ils alimentent le populisme et le poujadisme.

Enfin, ce qu'on appelle la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélanchon donne une image désastreuse de sa personne et des idées qu'il défend. Il parle au nom des communistes qui semblent avoir disparu de la scène politique et du débat. Waterloo, morne plaine. L'effet médiatique Besancenot s'est dégonflé comme une baudruche.

Des millions de gens sont descendus dans les rues pour défendre les retraites, la réforme est passée. En 2005, 55% des Français ont refusé le traité constitutionnel européen, Sarkozy a fait voter, par sa majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat, un mini traité qui ne changeait rien sur le fond. Un déni de démocratie.

Alors, l'idée "on a tout essayé sauf le FN, pourquoi pas ?"

Le désarroi et le degré polaire de la politique laisse la place vacante aux aventuriers de l'extrême droite nationaliste. Nous sommes dans l'irrationnel. Les arguments ne portent plus.

Nous pourrons analyser les déclarations de Marine Le Pen, nous ne serons ni entendus, ni écoutés. Ainsi, face à l'immigration massive en provenance des pays du  Maghreb en quête de démocratie, elle propose la fermeture des frontières, l'attribution des allocations diverses aux seuls français. La préférence nationale sera instaurée tandis qu'elle supprimera la double nationalité, et substituera le droit du sang au droit du sol. Il faudra s'attendre à un rétablissement de la peine de mort.

Sans forcer le trait, le FN propose une société de traque et de matraque, de grilles et de prisons avec pour tout horizon la grisaille d'un univers orwellien. Nous ne voulons pas vivre ou revivre ce "temps déraisonnable où l'on avait mis les morts à table". (Aragon).

Nous pourrons expliquer que toutes ces mesures sont des reculs de civilisations, des reculs sociaux, culturels et démocratiques, nous ne serons pas compris tant la violence sociale rend sourd ceux qui en sont victimes.

En fait, les traits caractéristiques de notre monde sont, certes, la crise financière, les contradictions mais ce qui est frappant c'est surtout l’insignifiance du discours politique. Ce discours est étroitement lié à la nullité dans les d'autres domaines comme l'art, la philosophie, la littérature. C'est l'esprit de notre temps qui nous conduit à étendre l'insignifiance.

Pour une fois, osons le mot, nous sommes dans une société poste fascisante où le nationalisme est de retour et où le divertissement l'emporte sur le débat et la conscience.

Peut-on imaginer que le pays de Voltaire et d'Hugo, de Gavroche et Mocquêt, de Sartre, de Foucault et Aragon sombre dans l'obscurantisme ?

Il est temps de les réveiller pour que le monde change. Il est temps de prendre la parole, cette braise ardente d'où jaillissent les flammes de l'espérance en un monde progressiste.

Maurice BRANDI