Algérie : le ministre de l’Intérieur confirme la mort de trois personnes et ne retient que les «agissements criminels» des casseurs
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Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a confirmé samedi la mort de trois personnes lors des émeutes qui ont explosé à Alger, Oran, Annaba, Béjaïa, Msila, Tizi –Ouzou et de nombreuses autres villes d’Algérie.
«Je confirme le décès de trois jeunes à M'sila, Tipasa et Boumerdès », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Canal Algérie. «Dans les deux premières wilayas, les personnes décédées ont été retrouvées sans vie lors des émeutes, des enquêtes sont en cours pour en déterminer les causes. La troisième personne, décédée à Tidjelabine (Boumerdès), a été retrouvée calcinée dans un hôtel incendié par les émeutiers» a ajouté le ministre.
Selon M Ould Kablia, «le premier mort a été déploré à Aïn Lahdjel, dans la wilaya de M'sila. Il s'agit d'un jeune qui a été tué par balle, au moment où il tentait de faire intrusion dans un commissariat de police. Le deuxième mort a été enregistré dans la ville de Bousmaïl, dans la wilaya de Tipasa. Il est mort à l'hôpital des suites de blessures. Les conditions de cette mort restent à élucider».
Il a estimé que les actes de violence constatés à travers des villes et localités du pays sont des «agissements criminels». «Ce sont des agissements criminels à travers lesquels des jeunes se sont attaqués à des édifices publics et ont pillé des commerces», a-t-il dit.
Aux yeux du ministre, ces actes obéissent à des «instincts revanchards » et «n'ont rien à voir avec les problèmes économiques».
M.Ould Kablia n’a pas manqué de jeter la pierre dans le camp de la classe politique et de la société civile. Il regrette de ne pas avoir vu sur le terrain «ni les militants des partis, ni les membres des multiples associations de la société civile agréées». Sans doute considère-t-il que l'agrément accordé à celles-ci les oblige à défendre les autorités dans tous les cas de figure.
Selon le ministre, le gouvernement a pris des «mesures sans précédent» depuis une décennie pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens en matière d'emploi, de revenus et de logements. Il a annoncé d'autres mesures dans le cadre d'une «politique de concertation». Et d'appeler ces hordes de jeunes ingrats à «revenir à la maison».
M Ould Kablia a tout de même vaguement reconnu que les jeunes font face à des problèmes «propres à leur tranche d'âge», mais, a-t-il dit, «ce n'était pas de cette manière qu'il fallait les exprimer».
Sans surprise, le gouvernement algérien adopte finalement une attitude qui pourrait bien mettre à nouveau le feu aux poudres. Nul ne conteste que des casseurs et autres voleurs profitent de la situation, reste que le cycle d’émeutes ne date pas d’hier, que les foyers de contestation se multiplient dans de nombreuses villes de l’intérieur du pays depuis déjà quelques mois, voire quelques années. Les unités anti-émeutes ne chômaient pas. Le feu couvait, que le pouvoir a trop ignoré, tablant sur la répression pour ramener le calme. Le satisfecit décerné au gouvernement est pour le moins choquant, indécent au regard de la détresse des jeunes.