baaziz.jpg

Le chanteur algérien Baaziz à propos des émeutes : "Il faut que des têtes sautent"

Interrogé par Le Soir d’Algérie à propos des émeutes, le chanteur Baaziz, qui ne mâche pas ses mots, attribue le malaise des jeunes au vide culturel en plus de «l’injustice et de la hogra»

«Je comprends cette révolte, vu l’injustice et la hogra. C’est l’expression d’un ras-le-bol. Les jeunes n’ont pas d'espoir. Il y a une régression des libertés. Les jeunes n’ont rien, pas de musique, etc. Si je pouvais, je serais avec ces jeunes. Franchement, ça me démange de sortir avec eux. Les augmentations des prix de l’huile, du sucre, etc. ne sont pas les seules causes de cette révolte. Le malaise existait déjà et on le voyait venir. Il n’y a que le pouvoir qui ne l’a pas vu, parce qu’il est renfermé sur lui-même et déconnecté de la réalité. Il faut faire de vrais changements et il faut que des têtes sautent. Je parle de la culture qui est mon domaine. On a besoin d’une vraie culture, pas d’une culture de salon. Cessons de ramener des artistes, de programmer d’autres, comme du temps de la révolution agraire et de produire des pièces théâtrales que personne ne voit. Cessons de gaspiller de l’argent dans des manifestations de prestige comme le Panaf. Ce qu’il nous faut, c’est une vraie politique culturelle. A mon avis, l’une des plus grandes responsables de cette situation, c’est Mme Khalida Toumi, la ministre de la Culture. Les jeunes n’ont plus où aller, il n’y a pas d’espaces culturels, ni de spectacles artistiques et elle a fermé les cabarets. Que veut ce pouvoir ? Dans l’immédiat, ce qu'il faut faire, c’est écouter ces jeunes. Les jeunes veulent vivre. Personne ne vit dans ce pays, ni les jeunes, ni notre génération d’ailleurs».

Propos recueillis par K. B (Le Soir d'Algérie)