Grève illimitée chez LDL France, les salariés se dressent contre un système d’exploitation d’un autre âge
Par red avec agencesPublié le
Le mouvement a débuté vendredi 7 février chez Lidl France dans près de 300 magasins ainsi qu’une vingtaine d’entrepôts sur les 26 que compte l’enseigne. Les salariés se mobilisent à l’appel de cinq syndicats (CFTC, CGT, CFDT, FO-FGTA et SNCDD CFE-CGC). Ils dénoncent une dégradation généralisée des conditions de travail, réclame une revalorisation des salaires et s’opposent à un projet d’ouverture généralisée des magasins le dimanche.
Avec environ 1.600 magasins et 46.000 salariés en France, Lidl est un acteur majeur de la grande distribution alimentaire, ce qui donne à ce mouvement social une ampleur significative. Selon les syndicats, environ 150 magasins ont été totalement fermés toute la journée du 7 février, tandis que 100 à 200 autres ont connu des fermetures temporaires.
Les entrepôts ont également été touchés, avec trois ou quatre fermetures complètes et une vingtaine perturbées. Les régions les plus impactées sont le Nord de la France et le Sud-Ouest, où près de la moitié des magasins ont cessé leur activité. En revanche, la mobilisation a été moins suivie dans des zones comme Paris, Barbery, Chanteloup, Rouen, l’Alsace et au siège de Châtenay-Malabry. Le nombre de grévistes est estimé entre 2.500 et 5.000 selon les sources syndicales.
Les revendications portent principalement sur une augmentation salariale plus substantielle. Les syndicats réclamaient une hausse de 2 % pour tous les salariés, mais la direction n’a proposé que 1,2 %, un taux inférieur à l’inflation, qui s’élève à 1,4 % selon l’Insee. Thierry Chanterenne, délégué syndical central de la CGT-Lidl, dénonce cette proposition insuffisante et rappelle le rôle essentiel des salariés pendant la pandémie de Covid-19.
Intensification du travail et charges accrues
Par ailleurs, les syndicats s’opposent fermement à l’ouverture généralisée des magasins le dimanche, annoncée sans consultation préalable et prévue à partir du 1er juin. Bien que Lidl propose une majoration de 50 % des heures travaillées le dimanche, les salariés estiment que cela empiète sur leur vie personnelle et familiale.
Les conditions de travail dégradées constituent un autre motif de mécontentement. Les syndicats dénoncent une intensification du travail et une charge accrue pour les salariés, notamment en raison du non-remplacement de 2.200 employés partis entre 2023 et 2024. Christophe Pierre, délégué central de la CFDT, souligne l’impact sur la santé des travailleurs et le ras-le-bol général. Les syndicats reprochent également à la direction de faire peser sur les salariés les conséquences de la guerre des prix dans la grande distribution, au détriment de leurs conditions de travail et de leur rémunération.
Une réunion entre les syndicats est prévue pour décider de la poursuite ou non du mouvement. Sabine Pruvost, déléguée centrale FO, indique que des négociations pourraient reprendre, mais l’issue reste incertaine.
Ce mouvement social intervient dans un contexte de transformation stratégique pour Lidl, qui a évolué depuis les années 2010 d’un modèle de hard-discount vers une offre plus qualitative, avec des magasins de taille réduite et moins de 2.000 références.
Cependant, cette évolution semble s’accompagner de tensions internes croissantes, reflétant un malaise profond parmi les salariés. La grève actuelle témoigne ainsi d’un conflit majeur entre les attentes des travailleurs et les orientations de la direction, dans un secteur marqué par une concurrence féroce et des marges réduites.