Algérie : l’Appel du patronat pour un cinquième mandat de Bouteflika, le signe que les jeux sont faits...
Par N.TPublié le
Lui ne s’est pas prononcé, les Algériens ne savent vraiment rien de l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, si ce n’est qu’il a eu un AVC et qu’il est sous traitement. De temps à autre le président est montré à la TV, accueillant une personnalité étrangère, quoique de moins en moins ces derniers temps.
Un brouillard épais entoure donc l’institution présidentielle. Qu’a cela ne tienne, des voix ne cessent pourtant de s’élever pour inviter un président, sans doute souffrant et très diminué, à briguer un cinquième mandat en avril 2019.
Citons, le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique), sa force d’appoint, le Rassemblement national démocratique (RND), les islamistes du Rassemblement de l’espoir de l’Algérie (TAJ), l’Union Générale des Travailleurs algériens (UGTA)… et à présent le patronat.
« Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) appelle avec sincérité, respect et déférence notre président à poursuivre son œuvre en se présentant à l’élection présidentielle de 2019 », indique l’organisation patronale algérienne dans un communiqué publié à l’issue de son conseil exécutif tenu mercredi 5 septembre.
Le FCE « en appelle » aux « hautes valeurs d’engagement, de patriotisme et de sacrifice envers l’Algérie » de M. Bouteflika.
Notons que la plupart des entreprises appartenant à cette organisation survivent grâce aux marchés publics. Pas question donc de laisser planer le moindre doute quant à leur soutien au « clan présidentiel », cette nébuleuse dont on ne sait vraiment rien non plus, qui se compte et resserre les rangs.
En toile de fond de cette agitation dans les coulisses d’un pouvoir de l’ombre, il y a la cascade de limogeages et de nominations à des postes clé de l’armée et de la haute administration. Bien malin qui peut dire ce qui se trame et dans quelle direction va l’Algérie.
Une chose au moins est sûre: dans leur grande majorité, les Algériens veulent surtout que la stabilité du pays soit préservée. Les esprits demeurent hantés par un retour à la violence qui a fait des centaines de milliers de morts, au cauchemar des années noires. Le pouvoir joue sur cette peur.
Les islamistes, quant à eux, tirent largement profit de cette situation en prenant en otage la société. L’obscurantisme imprègne désormais les modes de vie, les mentalités, les relations, la parole, jusqu’au vocabulaire, dans la rue, dans les milieux professionnels, dans les familles. La régression s’accélère, tandis que l’Ecole, qui tente de se protéger, est fortement attaquée par les islamistes intégristes. Tant qu'il est n'est pas remis en question, le pouvoir s'accomode de ce contexte. Les islamistes ne menacent pas les intérêts des dirigeants. Il leur délèguent même des soutiens et savourent le retour de l'ascenseur dans le monde des affaires (importation et commerce de gros, notamment).
Le patronat qui s’empresse de s’aligner sur les autres satellites d’un obscur clan présidentiel confirme, tout compte fait, que les jeux sont faits. Les «gardes malades» de Bouteflika ont tout verrouillé. Ils peuvent le faire tant qu’il est encore en vie. S’il venait à disparaître, ce sera alors une autre affaire.