Peloton d’exécution d’un condamné à mort aux États-Unis, une barbarie singulière
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
Dans l’État américain de Caroline du Sud (sud-est), un homme âgé de 67 ans a été mis à mort le 7 mars par un peloton d’exécution. Condamné à cette peine en 2002 pour avoir battu à mort, le 27 avril 2001, les parents de son ex-petite amie, il avait, selon les lois en vigueur, le choix entre ce mode d’exécution et l’injection létale. Une alternative présentée comme une faveur, sinon c’est la chaise électrique qui est le procédé habituel par défaut.
Brad Sigmon était attaché par les mains et les pieds à une chaise, la tête enveloppée dans une cagoule, une cible dessinée sur sa poitrine, ont décrit les journalistes qui ont assisté à l'exécution. « La mort de Brad a été horrible et violente. Il a choisi le peloton d'exécution en sachant que trois balles briseraient ses os et détruiraient son cœur », a réagi l'un de ses avocats dans un communiqué. « Mais c'était le seul choix qu'il avait, après que les trois exécutions dans l'État par injection létale ont fait subir des agonies prolongées et potentiellement proches de la torture à des hommes qu'il aimait comme des frères », a-t-il ajouté.
C’est la sixième sentence exécutée aux États-Unis en 2025. Grande nouveauté depuis janvier 2024 : l’inhalation d’azote, méthode inaugurée en Alabama (sud-est). La Louisiane, qui a interrompu les exécutions depuis une quinzaine d’années, va reprendre ce cycle funeste en privilégiant cette formule. Les experts des Nations Unies l’assimilent à une forme de torture, mais cela n’émeut guère la Justice dans ces contrées.
L'inhumanité de la peine de mort derrière la façade démocratique occidentale
La mise à mort par un peloton d’exécution en Caroline du Sud passe quasiment inaperçue par ces temps de folie guerrière aux portes de l’Europe, de déchaînement génocidaire en terre de Palestine, de déchirements sanglants en Afrique, de banalisation de la mort. Cet acte n’en reste pas moins d’une cruauté inouïe, d’un autre temps.
Que s’est-il passé dans la tête des tireurs au moment terrible d’appuyer sur la gâchette ? Que valent aux yeux de leurs supérieurs ou des magistrats, les arguments contre la peine de mort : l’extrême inhumanité de cette pratique, l’illégitimité de l’atteinte à la dignité humaine, l’inefficacité dissuasive, et son irréversibilité en cas d’erreur judiciaire ? Ces arguments au cœur du combat historique de Robert Badinter, ont finalement conduit à son abolition en France.
Ces questions-là demeureront sans réponse. Du moins, hors de la simplicité des raisonnements, des raccourcis et de la bêtise. Une chose est sûre toutefois : derrière les vitrines des grandes démocraties occidentales, dans de sombres recoins, sommeille une barbarie bien singulière.