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Edito : jeunesse algérienne en colère : un pied de nez aux islamistes

Secousse sociale prévisible ou signe prémonitoire d’une grande explosion qui fera basculer un pouvoir vieillissant, plus réactionnaire que jamais, agrippé à la rente, confortablement installé sur un matelas de privilèges, les troubles qui secouent l’Algérie imposent au moins une première conclusion :  l’islamisme est visiblement hors course, la bonne parole des leaders d’antan a fait chou blanc, leur discours ne fait plus recette.

Convaincus que le moment était enfin venu d’un retour de manivelle, Abassi Madani et Ali Belhadj (ex-leaders du FIS dissout) ont vite fait de distiller le venin de la propagande diabolique qui avait fait basculé des vagues de jeunes dans l’obscurantisme, rendus prêts à l’emploi pour le crime gratuit au nom de Dieu.

De son exil qatarien, Abassi Madani s’est empressé d’appeler les militants de l’ex Fis à rallier en masse le mouvement de protestation contre la vie chère.

Son adjoint, Ali Belhadj, n’a pas hésité à se rendre dans le quartier populaire de Bab-el-Oued, où ses prêches incendiaires faisaient autrefois un malheur, captivant des foules de jeunes jusqu’à la transe.

Ni l’un ni l’autre n’ont été entendus, pas plus que les imams de quartiers, les repentis et les émirs improvisés. Les jeunes ont préféré en découdre avec les forces de l’ordre pour dire leur haine d’un système qui les laisse sur le carreau plutôt que d'exprimer leur foi dans une République islamique paradis de justice promis en ce bas monde.

Finis les beaux discours, la jeunesse algérienne a aujourd’hui les pieds sur terre. Elle veut du travail, des logements, revendique sa part de la rente pétrolière pour en faire sûrement meilleur usage qu’un pouvoir sénescent, miné d’incompétence. C’est au maquis social, qu’elle veut désormais monter.

Par-delà la fureur des casseurs et autres malfrats inévitables dans les mouvements de foule et les flambées de violence de cette ampleur, il y a le fait nouveau d’une jeunesse qui aspire à une juste répartition des richesses et à la modernité. Sa colère ne pouvait qu'exploser devant l'indifférence des autorités à son sort et devant l'arrogance des nouveaux riches. Elle est aussi un beau pied de nez aux islamistes.