Algérie : les deux anciens Premiers ministres Sellal et Ouyahia condamnés à 12 et 15 ans de prison ferme
Par N.TPublié le
Sans surprise, le verdict tombe à la veille des élections présidentielles du 12 décembre. Le pouvoir en place veut à tout prix reconquérir l’opinion écœurée par les affaites de corruption au sommet.
Les anciens Premier ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia écopent de 12 et 15 ans de prison ferme dans l’affaire de l’industrie du montage automobile et du financement occulte de la campagne électoral de Bouteflika.
L’ex-ministre Abdeslam Bouchouareb a été condamné par contumace à vingt ans de prison ferme. Il est en fuite à l’étranger.
Les ex-ministres de l’Industrie Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda sont condamnés à dix ans de prison ferme.
L’ex-président du FCE et PDG de l’ETRHB, Ali Haddad, ainsi que le PDG du groupe Mazouz (N’gaous, Cherry) sont condamné à sept ans de prison chacun.
Le propriétaire de Gloviz (Kia) Hassan Larbaoui a été condamné à six ans de réclusion, tandis que l’ex-vice-président du FCE et PDG du groupe Ival a été condamné à trois ans de prison ferme.
L’ex-wali de Boumerdes Nouria Yamina Zerhouni été condamnée à cinq ans de prison ferme. Fares Sellal, fils d’Abdelmalek, a été condamné à trois ans de prison ferme.
Les principaux accusés ont protesté de leur "innocence" et passé le procès à se défausser les uns sur les autres.
Avant que le tribunal se retire pour délibérer, Abdelmalek Sellal s'était effondré en larmes, implorant: "Il ne me reste pas beaucoup à vivre. S'il vous plaît, M. le juge, réhabilitez-moi".
L'industrie automobile algérienne a été mise sur pied depuis 2014 via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d'hommes d'affaires liés à l'entourage du président déchu.
Les groupes agréés par les autorités ont bénéficié d'importantes subventions et de substantiels avantages fiscaux, malgré un cahier des charges rarement respecté.
"Certains hommes d'affaires géraient des sociétés écrans tout en bénéficiant d'indus avantages fiscaux, douaniers et fonciers", a souligné le procureur, cité par les médias, dénonçant un secteur dominé par "le népotisme et le favoritisme".
Le scandale automobile a entraîné une perte pour le Trésor public estimée à plus de 128 milliards de dinars (975 millions d'euros), selon le chiffre donné par l'agence officielle APS.
Les débats ont été dominés par les accusations de financement illégal de la dernière campagne électorale de M. Bouteflika, candidat à un 5e mandat en avril dernier avant d'être contraint à renoncer et d'annuler la présidentielle, face à un mouvement ("Hirak") de contestation populaire inédit.
Cette campagne "a occasionné une perte au Trésor public estimée à 110 milliards de dinars" (plus de 830 millions d'euros), a accusé le procureur, cité par des médias.
D'autres procès attendent certains des accusés, cités dans d'autres volets des vastes enquêtes relatives à des faits présumés de corruption, ouvertes depuis le départ du président Bouteflika et soupçonnées de servir opportunément des luttes de clan au sommet dans l'après-Bouteflika.
"L'Algérie d'avant le mois de février et l'Algérie de maintenant n'est pas la même (...) Nous sommes ici pour appliquer la volonté du peuple (...) Nous voulons un procès historique et (une) morale pour celui qui veut en tirer des enseignements", avait martelé dimanche le procureur avant de conclure le procès.
(Avec AFP)