Algérie. Société civile ou société … si vile. Plaidoyer pour la liberté d’association
Par Arab IzaroukenPublié le
Par Arab Izarouken
Après avoir vu leur dossier de renouvellement bloqué depuis plus d’une année, les associations ‘’Bel horizon’’ et ‘’Chougrani’’ d’Oran et … bien d’autres encore à travers tout le pays, sont menacées d’interdit.
En effet, des actions en justice visant leur dissolution ont été initiées par les autorités de la Wilaya. Bien avant ces deux organisations, les associations ‘’Rassemblement Action Jeunesse – RAJ‘’, ‘’SOS Culture Bab El Oued‘’, ‘’Santé Sid El Houari - SDH‘’ et d’autres encore comme ‘’Caritas’’ ont gouté à l’arbitraire d’une Administration abimée et belliqueuse surtout quand il s’agit d’attenter aux libertés tant individuelles que collectives.
Il se trouve que parfois, très souvent même (quelques rares exceptions tout de même sont à saluer), la justice accompagne ce zèle absurde, poussé à l’excès, de l’Administration. Aussi, des décisions extrêmes, injustifiées et non fondées légalement sont prononcées : gel des activités, fermeture et mise sous scellés des sièges et autres locaux, dissolution pure et simple des associations …
Sous de fallacieux prétextes (participation au Hirak, ‘’financement étrangers‘’, ‘’atteinte à la souveraineté nationale‘’et que sais-je encore ?!) des attaques en règle sont menées contre des associations dont le parcours, les activités et les résultats tellement probants et patents qu’ils ne sauraient souffrir d’aucune équivoque. Preuve en est que des institutions étatiques nationales (Ministères, Wilayas, Communes ...) n’ont pas hésité à recourir aux services et à l’expertise dans différents domaines, de ces associations aujourd’hui honnies et désignées du doigt comme un danger plus que potentiel.
En fait, sous couvert de l’exigence fondée et incontestable de protection et de défense de la souveraineté nationale, se cache un enjeu de taille lié à la promotion des libertés et au devenir démocratique de notre pays ; un devenir tributaire - faut-il le souligner ?! - du degré d’autonomie et de dynamisme de sa société civile.
Soumettre les organisations de la société civile encore balbutiante au diktat de l’Administration
La promotion et le respect des libertés fondamentales, des libertés individuelles et collectives sont des conditions sine qua non pour l’émergence et le développement de la société civile. Or, et jusqu’à preuve du contraire, les attaques récurrentes contre le segment le plus dynamique du mouvement associatif national indiquent une volonté de soumettre les organisations de la société civile encore balbutiante au diktat de l’Administration et partant des pouvoirs en place.
Si cette tendance se confirme, ‘’le système’’, au lieu et place d’une société civile, continuera de favoriser l’émergence en grand - et il est déjà bien avancé dans la réalisation de cette exécrable tâche - d’une société sans foi ni loi, une société si ... vile.
Face à cette dangereuse évolution, la constitution d’un large mouvement d’opinion en faveur de la défense de la liberté d’association et de toutes les libertés est un impératif national.
La solidarité avec les associations victimes de l’arbitraire devrait se développer, s’élargir et s’amplifier.
La mise en place d’un collectif national d’avocat(e)s pour la défense des associations poursuivies, plus qu’un souhait, plus qu’une aspiration, relève d’une nécessité absolue. Une nécessité pour non seulement engager dans les prétoires la bataille juridique, mais aussi pour participer aux cotés des forces sociales et politiques acquises aux libertés, à ce travail pédagogique en direction de la société ô combien indispensable pour l’édification de l’État de droit, démocratique et social dont rêvaient nos Immortel(le)s.
Organisation caritative liée à l’Église catholique d’Algérie
Lien pour l’article « OSC et financements étrangers » publié par Médiaterranée le 10/06/2022 https://www.mediaterranee.com/1052022-algerie-organisations-de-la-societe-civile-et-financements-etrangers-parlons-en.html