Cheikh Modibo Diarra, a été arrêté à son domicile dans la nuit de lundi à mardi 11 décembre par des militaires... (DR)

Mali: la démission sous contrainte du premier ministre sème le trouble

Le premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra, a été arrêté à son domicile dans la nuit de lundi à mardi 11 décembre par des militaires appartenant à la tendance des ex-putschistes. La perspective d’une intervention au nord Mali exacerbent les calculs politiques des forces en présence.

Après un entretien avec le capitaine Amadou Sanogo, ex-chef de la junte, il s’est exprimé à la télévision pour présenter la démission de son gouvernement et présenter ses « excuses » au peuple Malien.

Son porte-parole assure qu’il ne s’agit pas d’un coup d’Etat, la preuve étant selon lui que le président Malien, Diacounda Traoré, est toujours en place.

"Les Forces de défense et de sécurité ont pris la responsabilité de l'arrêter en raison du blocage des institutions (...) et des discours qui sont discordants entre le premier ministre et le président ", a tenté de justifier le porte-parole, cité par le correspondant régional du journal Le Monde.

Selon ce dernier, le débarquement de Cheikh Modibo Diarra n’est pas sans lien avec la perspective d’une intervention étrangère pour libérer le nord Mali occupé par les hordes d’Al-Qaïda depuis le mois d’avril.

L’ex-premier ministre qui soutenait cette initiative aurait tenté de constituer autour de lui une force au sein de l’armée afin de renforcer sa position et de se poser en principal interlocuteur de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et des ses alliés.

Cette éventualité aurait fait craindre au capitaine Sanogo, auteur du coup d’Etat du 22 mars à la tête d'une junte d'officiers subalternes et d'hommes du rang, sa marginalisation dans la vie politique malienne.

Après son coup de force, l’officier avait conclu le 6 avril dernier un accord-cadre sous l'égide de la Cédéao, prévoyant la mise à l'écart du chef des putschistes, ainsi que la nomination d'un président par intérim et d'un premier ministre. Mais la confirmation d’un déploiement de troupes au nord Mali exacerbe sans surprise les calculs politiques sur fond de rapports de force militaires. Et il faut croire que le capitaine Sanogo n’a pas encore dit son dernier mot.