Football : Le Togo ne veut pas aller jouer en Libye
Par jcsPublié le
A quelques jours du match de qualification en coupe du monde qui doit opposer le Togo à la Libye, les Togolais ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas se rendre en Libye pour des raisons de sécurité.
Dimanche, à Lomé, les Eperviers et leurs supporters parlaient seulement de football. Ils venaient de battre le Cameroun 2 à 0 et se sont pleinement relancés en vue des qualifications pour le Mondial 2014.
Mais très vite, des préoccupations autrement plus sérieuses ont pris le dessus. Vendredi 14 juin, l’équipe togolaise doit se déplacer en Libye, pour y disputer un nouveau match des éliminatoires.
Initialement, le match était prévu à Benghazi. Samedi 8 juin, de violents affrontements ont fait une trentaine de morts dans la seconde ville libyenne. Craignant pour leur sécurité, plusieurs joueurs togolais ont annoncé qu’ils refuseraient de jouer ce match.
“Si le match est là-bas, je ne ferai sûrement pas le déplacement. Jouer un match de football dans un climat d’insécurité, mettre ma vie en péril pour ça, ça n’en vaut pas la peine, je pense. Et plusieurs personnes du groupe sont dans le même état d’esprit que moi”, déclarait ainsi l’attaquant du FC Nantes, Serge Gakpé, à RFI.
Alaixys Romao, le milieu de terrain de l’Olympique de Marseille, tenait le même discours, dans un entretien paru dans L’Equipe : “On ne veut pas jouer à Benghazi. On est très inquiets après ce qui s’est passé samedi. Il y a eu plus de trente morts et on veut nous envoyer là-bas ? En plus, vu les résultats des deux équipes, ce match pourrait être très tendu. C’est trop dangereux.”
Le match déplacé de Benghazi à Tripoli
Entre temps, La FIFA a décidé de délocaliser le match, et de le programmer finalement dans la capitale, Tripoli. Mais cela n’a pas suffi à convaincre les joueurs de l’entraîneur français Didier Six d’effectuer le déplacement.
Romao a ainsi d’ores et déjà annoncé qu’il boycottait la rencontre et qu'il comptait quitter ses partenaires pour rejoindre la France. Le joueur de l’OM pourrait être bientôt imité par plusieurs de ses coéquipiers.
Les Eperviers attendent en fait que la FIFA revienne sur sa décision d’autoriser l’organisation de rencontres internationales en Libye. Et ils souhaitent que le match de vendredi soit programmé dans un autre pays.
Interdits depuis deux ans en raison du conflit armé qui sévit en Libye, les matches internationaux ont été de nouveau autorisés très récemment par l’instance du football mondial.
Vendredi 7 juin, le premier “test” a eu lieu à Tripoli, entre la Libye et la RD Congo. Le match s’est déroulé sans incident, mais les joueurs congolais ont confié qu’ils avaient été saisis par la peur dès leur arrivée dans la capitale libyenne.
Dans L’Equipe, le défenseur congolais d’Evian TG, Cédric Mongongu, a raconté le climat d’insécurité que ses partenaires et lui ont ressenti. Avec notamment un bruit d’armes à feu constant : “Ça tire de partout On n’a qu’une seule idée en tête : reprendre l’avion le plus vite possible et rentrer à la maison indemne.”
Le traumatisme de Cabinda
Les Togolais ne veulent pas se retrouver pris au piège d’une situation de violence incontrôlable. D’autant plus que la sélection garde en mémoire un drame très récent qui a marqué les esprits.
En janvier 2010, le bus de la délégation des Eperviers, en route pour la coupe d’Afrique des Nations, avait été attaqué, dans l'enclave angolaise de Cabinda, par des rebelles indépendantistes.
L’attaque avait causé deux morts dans la délégation togolaise, et de nombreux blessés. Ce traumatisme a évidemment laissé des traces, et les Togolais ne veulent pas risquer de se trouver de nouveau dans un tel engrenage fatal.
“Plusieurs membres de l’effectif étaient à la CAN 2010 et ont vécu les incidents de Cabinda. Personne ne veut se remémorer ça et mettre sa famille dans l’angoisse”, souligne Serge Gakpé.
Rien ne dit pourtant que la FIFA acceptera de revenir sur sa décision. Et si le Togo refuse le déplacement, il pourrait être sanctionné et perdre toute chance d’accéder au Mondial 2014.
Du point de vue sportif, le groupe I est encore complètement ouvert. A deux journées de la fin, la Libye et le Cameroun sont en tête, la RD Congo suit à un point et le Togo ferme la marche, à deux points des leaders. Seul le premier du groupe se qualifiera pour les barrages, qui désigneront les cinq nations représentées au Brésil en 2014.
En plus de la situation politique, l’enjeu sportif, qui apparaît bien vain, pourrait donc encore accentuer le climat de tension autour de la rencontre.