De nombreuses personnalités étaient présentes lors de la cérémonie... (DR)

Algérie : l’hommage poignant au professeur Pierre Chaulet

Le professeur de médecine et militant anticolonialiste Pierre Chaulet a été inhumé mardi 10 octobre au cimetière chrétien de Diar Essaâda, à El Madania, face à la baie d’Alger la blanche dont il aimait tant entendre battre le cœur. Sa dépouille a été saluée par des applaudissements et des youyous.

Selon sa volonté, Pierre Chaulet a été inhumé aux côté du militant communiste Henri Maillot, guillotiné par l’armée coloniale en 1956.

La petite chapelle de la maison diocésaine, où son cercueil – drapé de l’emblème national et couvert de couronnes de roses – avait été déposé par un détachement de la Protection, civile, était bondée de monde, rapporte le quotidien El Watan.

Etaient présents notamment ses anciens camarades de lutte, des personnalités politiques, Rédha Malek, Sid Ahmed Ghozali, Mouloud Hamrouche, Smaïl Hamdani, tous anciens chefs de gouvernement, mais aussi Ali Haroun (ancien responsable de la Fédération de France du FLN), Lakhdar Brahimi, Abdelhak Brerhi, ainsi que des universitaires, des syndicalistes et des représentants du mouvement associatif et de simples citoyens.

L’ex-archevêque d’Alger, monseigneur Tessier, a officié la messe dans un silence religieux et a terminé par : «Ina Lillah wa ina Ilayhi radjioun (A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons).» Il cède sa place à Jaqueline Guerroudj, autre militante anticolonialiste, qui a lu, devant une assistance émue, une longue et riche biographie du défunt. La cérémonie a duré deux heures.

Le cercueil, porté par deux rangées d’éléments de la Protection civile, est hissé sous des youyous stridents lancées par les nombreuses femmes, surtout d’anciennes moudjahidate.

Devancé par Claudine Chaulet, la veuve du professeur, ses deux filles, ses petits-enfants et ses proches, accompagné par l’assistance, le cortège funèbre s’ébranle vers le cimetière chrétien de Diar Essaâda, à El Madania, décrit le quotidien El Watan.

Des syndicalistes, des étudiants, des artistes, des anonymes, des personnalités politiques…

Une foule nombreuse l’attendait depuis des heures sous un soleil de plomb. Des membres du corps médical, des cadres de l’administration, des responsables, d’anciens combattants et combattantes de la Révolution, des syndicalistes, des étudiants, des artistes, des anonymes, des personnalités politiques.

Parmi celles-ci, le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, Saïd Bouteflika, le frère et conseiller du président de la République, le ministre de l’Environnement, Amara Benyounes, l’ex-ministre de la Santé Yahia Guidoum, l’ex-ministre de la Communication Abdelaziz Rehabi, le président du Conseil national social et économique, Mohamed Seghir Babes…

Très ému, monseigneur Teissier prononce l’oraison funèbre. Une Fatiha est lue par l’assistance avant que le cercueil soit mis en terre par les éléments de la Protection civile.
Une file humaine interminable se forme pour poser un dernier regard sur la tombe recouverte d’une gerbe de fleurs portant l’inscription «Au frère de combat, repose en paix».

Né en Algérie de parents également natifs d’Algérie en 1930, Pierre Chaulet, qui a choisi la nationalité algérienne peu après l’indépendance, a été l’un des pionniers de la médecine algérienne. Il avait rejoint les rangs du FLN en décembre 1954 et côtoyé ses plus importants dirigeants.