Israël, puissance occupante aux commandes d'une guerre toujours plus meutrière, saluée par Hollande
Par N.TPublié le
C’est cette guerre-là dont les images font en continu le tour du monde que les médias nous présentent comme simple confrontation entre Israël et le Hamas, entre belligérants à armes égales, comme « échanges de tirs », de « bombardements ciblés », nous dit-on, contre salves de roquettes de petite, moyenne et longue portée. L’histoire d’un d’emballement malheureux en somme, déclenché par les actes isolés d’assassinats de trois jeunes Israéliens et d’un adolescent palestinien sauvagement brûlé en représailles. « La guerre malgré eux ? », s’interroge même l’édito du Monde en date du 10 juillet...
Derrière cet enfumage médiatique, la réalité est en vérité un volcan en ébullition permanente. Celle d’une puissance occupante au-dessus des lois internationales qui repousse sans arrêt les limites de son implantation coloniale et torpille de ce fait toutes les tentatives de négociation. « C’est encore une fois la raison fondamentale de l’échec de celles menées notamment en présence de l’américain John Kerry », résume Bernard Botiveau, politologue au CNRS, spécialiste du Monde arabe.
La construction de colonies en Cisjordanie a en effet augmenté de 123% en 2013 par rapport à 2012. Durant ces neuf mois de discussions sous la houlette de Washington, Israël a approuvé la construction de 13 851 nouveaux logements dans les territoires palestiniens, selon les chiffres de l’ONG israélienne Shalom Archav La Paix maintenant, qui voit là une « accélération sans précédent ».
Négociation étouffée
Dans ces conditions, la négociation est-elle encore possible ? « Cette perspective est de plus en plus difficile à envisager. Israël vit au rythme d’une surenchère permanente de Nétanyahu, sous pression de l’extrême droite. Avigdor Liberman (ministre des Affaires étrangères d’extrême-droite, ndlr ) déclare qu’il ne veut plus travailler avec lui, prône une position de rupture, appelle à la réoccupation de Gaza et à un durcissement des opérations militaires », explique Bernard Botiveau. Considérablement affaibli depuis « le coup d’Etat du maréchal El-Sissi et l’effondrement des Frères musulmans en Egypte, le Hamas est quant à lui dépassé par l’action de mouvements plus radicaux et totalement incontrôlés ».
Derrière cette enfumage, la réalité encore, celle d’un système répressif d’une violence inouïe sur des populations civiles sans défense, d’une oppression féroce qui répugne même parfois les soldats qui en reçoivent l’ordre. La bande de Gaza est emprisonnée sous un blocus abominable depuis 2006 accompagné de raids réguliers qui fauchent des enfants, des femmes, des vieillards, impuissamment exposés au quotidien à la fureur des bombes.
Un conflit dans l'impasse
Des milliers de prisonniers politiques, dont des élus, agonisent dans les geôles israéliennes, sans compter les centaines de personnes en détention administrative, c’est-à-dire sans inculpation ni jugement, au mépris des conventions internationales. Tandis qu’en territoires occupés, les colons désormais quasiment aux commandes du pays, multiplient les destructions de maisons, arrachent rageusement les oliviers et arbres fruitiers par milliers. Tandis que des millions de réfugiés croupissent dans des camps, générations enterrées vivantes par la seule volonté de puissance israélienne, avec la complicité et la bénédiction de la communauté internationale.
Le drame palestinien qui peut ainsi se décliner à l’infini sur l’échelle des injustices, des abominations, est-il enfermé dans une impasse, définitivement englué dans un bourbier ? « Depuis 2007, prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, toutes les tentatives de réconciliation avec le Fatah ont été brisées net par des événements inattendus. Il en est ainsi cette fois avec l’assassinat des trois jeunes israéliens et l’opération de vendetta qui s’en est suivie… », note Bernard Botiveau. Selon ce directeur de recherche, Israël a « globalement intérêt à la division. Mais il n’a pas pour autant intérêt à ce que les choses dégénèrent ».
Une position honteuse pour la France
Puissance occupante, lourdement armée, solidement protégée, Israël a ainsi toutes les cartes en main, dont il use à son gré. Celle de la guerre et celle des pistes vers la paix, en poursuivant par exemple les discussions avec Mahmoud Abbas, à la tête d’une Autorité unique. Mais tout autant que ceux qui l’ont précédé, sinon plus, le gouvernement de coalition de Netanyahu fait à l’évidence obstinément le premier choix. Il repousse sans cesse plus loin les limites de l’implantation territoriale israélienne, anéantit méthodiquement toutes les conditions de création d’un Etat Palestinien souverain, dont les contours ne se dessinent plus qu’en pointillés. Netanyahu dont les bombes ravagent Gaza puise aussi sa force dans le sentiment de peur sournoisement entretenu dans l’opinion.
« Les sondages sont contradictoires. Le vœu de la paix est partagé par une majorité d’israéliens, mais cela ne débouche sur rien au plan politique. La droite et l’extrême-droite continuent de tenir le haut du pavé », constate Bernard Botiveau. Très actives, les énergies associatives et politiques, dont le Parti communiste israélien, n’en restent pas moins tristement impuissantes. Et comment peut-il en être autrement, quand la politique meurtrière de Nétanyahu est, entre autres, honteusement saluée du soutien de François Hollande au nom de la France… Comme un jet de salive sur les cadavres d’enfants de Gaza. L’histoire retiendra cette cicatrice hideuse au fronton de la République.
Nadjib Touaibia
Le journal Libération du 11 juillet rapporte la scène d’une famille venue assister « au spectacle de la guerre en profitant d’un bon pique-nique (…) sur un promontoire aménagé offrant une vue imprenable sur l’enclave palestinienne ».