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Un épouvantail nommé Ben Laden

C’est à Ryad, en Arabie saoudite, que naquit Oussama ben Laden (Usamah bin Muhammad bin Awad bin Ladin) le 10 mars an l’an de grâce 1957 d’une riche famille originaire du Yémen. Il aura 54 demi-frères et sœurs. Son père était propriétaire de plusieurs entreprises de bâtiment et travaux publics regroupés dans le holding Saudi bin Ladin Group. Oussama ben Laden héritera de l’une de ses filiales : la Baud Telecom Company (BTC Networks). Son père l’inscrit à l’université de Djeddah pour y entreprendre des études commerciales.

Il quittera ses études avant terme, au milieu des années soixante-dix, pour vivre la vie des riches et oisifs saoudiens. Cependant, il se montrera très pieux et étudiera les textes principaux du wahhabisme et non pas, comme on pourrait le croire, ceux de l’Islam, c’est-à-dire le Coran. Il faut dire que cela est valable pour tout saoudien vivant à l’intérieur du royaume.

En 1979, l’ex-Union soviétique intervient en Afghanistan à l’appel du Président Babrak Kamal en butte aux menaces de déstabilisation états uniennes via les Talibans. Babrak Kamal était, successeur de Hafizullah Amin, dirigeant communiste assassiné, selon certaines sources, le 27 décembre 1979 par le Spetsnaz, la branche Action de l’ex-KGB, parce que le Kremlin le trouvait « trop mou ».

L’Arabie saoudite sera, bien avant les États Unis, le premier pays à se déclarer ouvertement contre « le communisme athée ». C’est là que le chef des services secrets saoudiens, le prince Fayçal al Turki prendra attache avec Oussama ben Laden et lui demandera d’organiser le départ, à partir de différents pays, de « volontaires » islamistes vers l’Afghanistan et de leur assurer la logistique nécessaire. Ben Laden, flatté d’être ainsi sollicité par un membre de la famille royale, s’empressera d’exprimer sa disponibilité.

C’est à partir de cette date que commencera le mythe « Ben Laden », mythe que le service Agit-prop’ de la CIA se chargera d’entretenir. Il deviendra, pour tous les islamistes et les apprentis islamistes du monde, une idole, une référence, pire : un modèle.
Une fois à Peshawar, ville-frontière avec l’Afghanistan, il sera pris en charge par l’ISI (Inter-Service Intelligence), services secrets pakistanais qui sont, dans la région, le relais actif de la CIA.

Le Pakistan aux appétits expansionnistes et lorgnant le Cachemire, ne dédaignant pas d’y commettre régulièrement des attentats, et désireux plus que tout de prendre le rôle de leadership dans la région, leadership jusque-là occupé par l’Inde, s’est mis tout naturellement sous l’aile des États-Unis protecteurs des Talibans. Ces derniers bénéficieront donc de la manne financière et colossale du régime saoudien et de la logistique pakistanaise. Les ordres, eux, viendront de Washington. Cerise sur le gâteau pour Ben Laden : le régime qu’appliquent les Talibans dans les zones qu’ils occupent sont les mêmes que celle en vigueur en Arabie saoudite, son pays natal :

-Interdiction de toute participation à une vie publique ou professionnelle pour les femmes.
-Obligation pour elles de porter la burqa sous peine d’être flagellées en public.
-Obligation pour tout(e) afghan(e) d’assister à la prière.
-Obligation pour les hommes de porter la barbe.
-Interdiction de se tailler la barbe.

Ben Laden constatera avec dépit que nul n’avait besoin de lui à Peshawar où existe déjà une structure opérante : Le Maktab al khadamat (le Bureau des services) dirigé par un arabe du nom de Abdallah Azzam et s’apercevra que son seul rôle sera d’être l’œil de l’Arabie saoudite. Il a usurpé, sur le plan médiatique, le rôle du mollah Omar, chef des Talibans qui combattaient les soviétiques et les forces de l’Alliance du Nord dirigée par le Commandant Massoud  qui, pourtant, combattait également les armée soviétiques (mais les Talibans considéraient le Commandant Massoud comme un rival potentiel).

Ben Laden se fera néanmoins - et pour la frime - filmer en train de tirer à l’aide d’une Kalachnikov. On remarquera, sur la vidéo prise ce jour-là, la maladresse avec laquelle il maniait cette arme, l’arme la plus facile au monde après le fusil de chasse. Il n’aura aucun lien direct avec la CIA. Ses contacts seront ceux qu’il aura avec son parrain pakistanais : l’ISI.

Il mourra en 2001 à Peshawar d’une maladie des reins, selon certaines sources. D’autres sources prétendent que devenu encombrant, il aurait été supprimé par les services secrets pakistanais sur ordre de la CIA. Il est mort sans avoir eu un seul jour le courage physique de mettre le pied en territoire afghan.

Aujourdhui, Obama, le continuateur soft de Bush, annonce que les forces spéciales étatsuniennes viennent d’abattre Ben Laden. Comment fait-on pour tuer un fantôme ? C’est ça « le miracle américain » !

Par Djamal Benmerad (http://barricades.over-blog.com/)