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Algérie : Les manifestants courageux mettent à nu la grande peur du pouvoir

Ils sont venus par dizaines de milliers, malgré l’armada déployée au cœur d’Alger la blanche depuis la veille, malgré les barrages filtrants aux entrées de la capitale, la flicaille en civil et les meutes de nervis chauffés à blanc pour les contrer.

Ils sont venus, des femmes et des hommes debouts de tout âge ont bravé des rangées de boucliers et de matraques, se sont fait tabasser, et nombre d’entre eux traîner jusqu'au poste de police le plus proche, insulter, encore frapper et humilier.

N’eût été l’encerclement policier, sans doute auraient-ils été beaucoup plus nombreux pour revendiquer le changement et la démocratie dans un pays pris en otage avec ses richesses, dénoncer un pouvoir qui redistribue la rente au compte-goutte pour calmer le bon peuple, engraisse une clientèle servile, entretient la corruption à petite et grande échelle, tire sournoisement les ficelles du népotisme et du régionalisme pour se maintenir.

Ils sont venus par dizaines de milliers, fiers d’avoir leur pays au cœur, comme ceux qui ont fait tomber la mafia Ben Ali Trabelsi, comme ceux qui aujourd’hui remettent dignement la place Tahrir au Caire à neuf après 16 jours de combat sans relâche pour percer une issue vers la démocratie.

L’histoire retiendra qu’un jour de février 2011, des femmes et des hommes, manifestants courageux, ont mis à nu la grande peur qui mine le pouvoir algérien.