Nacer Boudiaf : un « Rassemblement National pour sauver l’Algérie »
Par N.TPublié le
Appelant ses coreligionnaires à faire preuve de discernement, Einstein leur recommandait d’observer que : «celui qui est capable de marcher derrière une musique militaire, n’a pas besoin de cerveau : une moelle épinière lui suffit».
La question de l’heure: le peuple algérien a-t-il un cerveau ou doit-il encore se suffire d’une moelle épinière ? La réponse à cette question nécessite plus que jamais l’émergence d’un Rassemblement National. Un Rassemblement pour une réelle rupture avec le système, les hommes et les pratiques qui ont commencé avec l’assassinat de Abane Ramdane, pendant la Révolution, l’assassinat de Krim Belkacem, en pleine indépendance confisquée et l’assassinat maquillé en « acte isolé » contre Mohamed Boudiaf, au début de la « décennie rouge ».
Le Rassemblement National se fera comme s’est faite la Réunion Historique des 22, avec des Inconnus. Il se fera avec des Inconnus, car le personnel politique connu par le peuple actuellement et qui fait semblant d’animer la scène politique, est totalement, désespérément et inexorablement incrédible et disqualifié aux yeux du peuple.
Le Rassemblement s’attellera à édifier la deuxième République qui devrait s’appeler la République Algérienne, comme à ses débuts avec Ferhat Abbas. Elle sera dotée d’une Constitution qui ne sera pas amendée selon les sauts d’humeur des gouvernants. Elle sera bâtie sur l’égalité de tous devant la Loi. Dans cet esprit, le Rassemblement, demandera pardon aux Amazigh de notre pays, cette partie de la population à qui, dès l’indépendance confisquée, on avait tenté de lui faire dire que la culture algérienne était « arabo-musulmane », alors que la dimension berbère a été carrément occultée pour planter le couteau de la politique ténébreuse du « diviser pour régner ».
Le Rassemblement demandera pardon également aux populations du Sud du pays, longtemps négligée par le système qui oubli systématiquement que les richesses naturelles du pays viennent du Sud. Le Rassemblement engagera ainsi une politique nationale pour rendre justice a cette partie de la population afin de lui permettre de s’épanouir et de rattraper les retards accumulés depuis cinquante ans.
Le Rassemblement se penchera sur la justice. Il placera dans ce secteur des hommes et des femmes qui mettront un terme au système judiciaire établi depuis l’indépendance. Le Rassemblement bannira le système judiciaire actuel, basé sur le principe de tisser une toile d’araignées qui arrête les moustiques et laisse passer les éléphants. Il y a quelques mois, dans une Cour d’une des Wilaya d’Algérie, deux jeunes gens ont été arrêtés pour vol à la tire de mille Dinars. Ils ont été condamnés à cinq de prison. Quelques jours après, la même Cour avait condamné à la même peine (5 ans), des ex-dirigeants d’une Entreprise publique, qui avaient détourné des milliards de Dinars. Où va l’Algérie avec une telle justice ? Où va l’Algérie avec un système qui veut que le Chef de Cabinet d’un Ministre et le Secrétaire Général du même Ministère sont accusés de corruption alors que le Ministre du même Département ministériel se retrouve avec une couronne, qui croit-il, va le protéger de la justice supposée se prononcer au nom du peuple. Le Rassemblement établira une justice qui mettra à un terme à l’impunité dans les affaires de corruption qui ont entaché la réputation de l’Algérie sur la scène internationale.
Le Rassemblement fera appel aux Inconnus du système éducatif : la véritable plaie de la société algérienne. Le système éducatif qui sera proposé par le Rassemblement sera basé sur le principe que le progrès, n’est pas d’abaisser l’élite au niveau de la foule, mais d’élever la foule vers le niveau de l’élite. L’éducation qui sera proposée par le Rassemblement, définira la personnalité de l’Algérien, basée sur son triptyque naturel Berbérité, Islamité, Arabité. Le système éducatif envisagé par le Rassemblement s’attellera, sans délai, à bannir la schizophrénie culturelle qui ronge l’Algérien qui ne sait pas encore à quelle culture il appartient, ni même à quelle aire géographique il se rattache : un sondage permettra de mesurer que la majorité des Algériens oublie que nous sommes Africains.
Certes, le pays passe par une conjoncture difficile. Mais notre ami Nelson Mandela nous rappelle très sagement que : « la générosité de l’esprit humain peut surmonter toute adversité. Grâce à la compassion et à la bienveillance, nous pouvons créer l’espoir ». La bienveillance, voilà une autre qualité humaine que l’injustice, l’impunité, l’errance éducative, le déclin de la famille et la démission de l’Etat ont fini par faire perdre au peuple algérien. Avec un brin de soupçon de bienveillance, jamais la société algérienne n’aurait permis que des enfants en bas age soient ravis aux siens pour faire l’objet d’abus sexuel avant d’être déchiquetés et jetés dans les ordures.
Le Rassemblement, tel que je le propose aux Inconnus qui demain prendront en charge l’avenir du pays, devrait, dès ses premiers jours, expliquer au peuple, dans un langage simple, comme celui utilisé par Boudiaf, la vision qu’il se fait du présent et du futur. Faute de vision, comme nous l’avons toujours été depuis l’indépendance confisquée, le peuple a vécu sans limites et sans limites, le peuple s’est égaré. Il s’est égaré car à chaque scrutin l’Etat se met à compter les voix, le lendemain des élections, mais ne s’est jamais sérieusement mis à écouter les voix qui le maintiennent au pouvoir.
Le Rassemblement s’attellera à définir l’Etat qui se mettra à répondre aux aspirations et aux demandes du peuple. Un tel objectif n’est possible qu’avec un Etat basé sur le consensus. Un tel objectif a besoin d’un dirigeant. Comme l’a dit Martin Luther King : « Un vrai dirigeant n’est pas celui qui cherche le consensus mais celui qui le produit ».
Quant aux choix des hommes, le Rassemblement ne se mettra pas à critiquer vainement les Ministres actuels. Il se mettra à proposer des hommes en tenant compte de la recommandation de Nicolas Machiavel qui a relevé que : « Ce n’est pas une mince affaire pour un prince de savoir bien choisir ses ministres, qui sont bons ou mauvais selon la sagesse du prince. La première conjecture qu’on fait d’un souverain et de sa cervelle, c’est de voir les hommes qu’il tient à l’entour de lui. »
Parmi les premières préoccupations du Rassemblement pour sauver l’Algérie, il y aura la promotion de la Connaissance. « La connaissance conduit à l’Unité comme l’ignorance conduit à la division », disait Ramakrishna, le père de la sagesse indienne. A l’heure où des peuples parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) sont à la Troisième Génération (3G) des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), l’Etat algérien décale de jour en jour cette échéance, classant notre pays parmi les derniers de la planète.
Sans technologie de connaissance le pays ne fera qu’approfondir ses retards sur tous les plans. Au profit de qui ? Le Rassemblement se mettra à expliquer au peuple pourquoi le système fait tout pour empêcher l’Algérie d’accéder au premier niveau de la connaissance.
Le Rassemblement se mettra aussi à l’organisation de la religion en nommant le Mufti de la République. Il sera choisi sur la base de critères scientifiques avec au minimum un Doctorat en sciences islamiques. C’est à lui que reviendra la mission de la fatwa et fermera officiellement la porte aux charlatans qui s’enrichissent sur le dos du peuple tout en le dévoyant de la bonne direction de notre religion faite de science, de tolérance, de justice, d’équité ; une religion qui privilégie l’avenir et non le passé contrairement aux charlatans qui la dirigent et la pratiquent actuellement.
Le Rassemblement organisera un débat national sur les questions économiques. Le peuple est en droit de comprendre pourquoi l’Algérie n’est pas en mesure de créer sa richesse, de permettre au peuple de se nourrir de ses mains. Le peuple doit comprendre une réalité, la rente du pétrole n’est pas une richesse. La richesse c’est celle qu’il crée de ses propres mains, qu’il consomme chez lui et qu’il exporte quand il produira des excédents. Le Rassemblement expliquera au peuple que le système actuel en place n’a aucun mérite en procédant à la simple vente du pétrole et du gaz. N’importe qui peut maintenant se mettre sur le marché de l’énergie et vendre. Le défi c’est de créer des Entreprises privées et publiques qui se mettront à tisser une toile de PME/PMI, éparpillées sur tout le territoire et favoriser une dynamique de créer des emplois stables et prometteurs pour l’individu et pour l’Etat.
Dans ce contexte, le Rassemblement expliquera au peuple pourquoi la carte bancaire marche dans les pays les plus faibles économiquement, les plus instables politiquement et les plus défavorisés en ressources naturelles ; alors qu’en Algérie le vecteur économique et commercial est toujours dirigé -et de plus en plus- par la « chkara ». En Algérie de 2013, la Banque algérienne n’obéit pas à la logique économique mais à l’errance du système qui ne fait que pousser le pays dans les dernières marches de l’échelle économique mondiale parce que le système économique n’est pas dirigé par l’Etat mais par des intérêts de clans.
Le Rassemblement prendra en charge la Santé. Une visite au service Pierre et Marie Curie à l’Hôpital Mustapha Bacha à Alger, renseigne sur le statut que réserve le système actuel aux cancéreux du pays dont les réserves de changes ne comptent plus les centaines de milliards en caisse. Le Rassemblement engagera rapidement et en priorité une réflexion des experts, loin de l’influence des politiques, pour dégager en urgence les voies les plus idoines pour que l’Algérien, se soigne, normalement en Algérie, à l’instar de beaucoup de peuples dont les pays n’ont assurément pas les moyens détenus par le système algérien actuel qui gouverne le pays.
Le Rassemblement, s’il a la confiance du peuple, se mettra à assainir la scène politique et procédera au nettoyage des « Partis clé en main ». Une nouvelle loi basée sur la transparence appellera les journalistes honnêtes, les avocats consciencieux, les universitaires émérites, à proposer un train de mesures en vue de la refonte fondamentale des lois sur les Partis, sur les élections et sur les médias.
Enfin, cinquante après l’indépendance confisquée, le pays est en droit d’avoir une diplomatie qui reflète la personnalité de l’Algérien ; cette personnalité qu’il a forgée durant toute son histoire pour culminer le 8 mai 1945 et le 1er Novembre 1954 ; une personnalité qui a été loin de refléter ses attributs ces derniers mois pour soutenir les peuples voisins et frères dans leur lutte légitime de recouvrer leurs droits fondamentaux en matière d’égalité, de justice et de respect de l’individu. L’indécision, l’hésitation, l’opacité, l’imprécision, l’absence de netteté de la position du pays sur les événements du printemps arabe ont fini par faire perdre à l’Algérien le podium qu’il a conquis grâce aux sacrifices des chouhada et des vrais moudjahidin.
La bataille de l’élection présidentielle de 2014 a commencé depuis longtemps. Le personnel politique est disqualifié pour venir encore une fois mentir au peuple. L’heure de vérité a sonné. Seul un Rassemblement National pour sauver l’Algérie, un Rassemblement fait d’anonymes et d’inconnus peut sortir le pays de l’ornière dans laquelle il se débat depuis 1962. « Cinquante ans barakat » est le mot d’ordre du Rassemblement.
Le 8 mai 1945 a été l’étincelle du 1er Novembre 1954. C’est la commémoration de cette date que j’ai choisie pour proposer au peuple de se rassembler autour de moi pour prendre sérieusement l’avenir du pays en main. Il s’agira de doter le pays d’institutions qui garantiront sa pérennité quelques soient les hommes qui seront appelés à le gouverner. La transparence, la démocratie, la justice, l’égalité des sexes, l’alternance au pouvoir, sont les principes directeurs du Rassemblement pour lancer la deuxième République qui sera appelée République Algérienne et sa devise sera « L’ALGERIE AVANT TOUT », comme l’avait dit Mohamed Boudiaf. Que Dieu nous aide à sauver l’Algérie.
Nacer Boudiaf