Tunisie : crainte d'une dérive autoritaire
Par belkacemgPublié le
Le président Kais Saied a annoncé que la Tunisie organisera un référendum sur une nouvelle constitution en juillet 2022, avant les élections générales de décembre.
Dans un discours télévisé, Kais Saied a présenté le calendrier des changements politiques qu'il propose. Le président tunisien a déclaré lundi qu'il organiserait un référendum constitutionnel le 25 juillet prochain après une consultation publique en ligne qui débutera en janvier. Des élections législatives se tiendront à la fin de l’année 2022.
L'annonce par Saied d'une feuille de route pour sortir de la crise était attendue depuis qu'il avait suspendu le Parlement, démis le Premier ministre et assumé le pouvoir exécutif. Alors que ces mesures semblaient très populaires après des années de stagnation économique et de paralysie politique, l'opposition a peu à peu monté le ton. Même les partis politiques et acteurs nationaux majeurs qui l'avaient initialement soutenu ont exprimé leurs inquiétudes. Le retard dans la définition de la politique à suivre et les deux mois qu'il a fallu à M. Saied pour nommer un nouveau premier ministre ont renforcé les inquiétudes quant à la capacité de la Tunisie à faire face à une crise urgente de ses finances publiques.
Kais Saied tente de rassurer
Après le coup de force du président en juillet, des organisations tunisiennes et internationales ont dénoncé un « accaparement du pouvoir » et fait part de leurs craintes pour les droits et les libertés publiques dans le berceau du « printemps arabe ». Ses détracteurs l’ont accusé d’avoir mené un « coup d’Etat ».
« De quel coup d’Etat parlent-ils ? Ils parlent aussi du pouvoir d’un seul homme et d’atteinte aux libertés, mais qui a été arrêté ou poursuivi pour avoir exprimé ses opinions ou pour avoir manifesté », s’est-il défendu dans son discours. « Il n’y aura jamais de retour en arrière », a-t-il affirmé. « Ceux qui veulent nous ramener en arrière doivent savoir que le peuple et l’histoire les ont rejetés. »
À noter que le Parlement restera suspendu jusqu'à ce que les Tunisiens votent pour une assemblée de remplacement le 17 décembre 2022, date que le président Saied a déclaré être l'anniversaire officiel de la révolution. Cet anniversaire était auparavant célébré le 14 janvier (date de la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali).