Nouveau mur de la honte
Par N.TPublié le
Tirs de barrage contre l'Autorité palestinienne qui se prépare à demander la reconnaissance de son Etat par l'ONU. Les représentants des grandes puissances sont sur le front aux cotés d'Israël pour dissuader Mahmoud Abbas de franchir ce pas dans les prochains jours. La scène diplomatique s'agite autour de ce thème de Washington à Ramallah en passant par Paris et Jérusalem.
Campagne électorale oblige, les autorités américaines ne voient pas d'un bon œil cette initiative qui pourrait "agacer" les lobbys juifs, très puissants outre-Atlantique. Obama ne fait pas exception à la règle. Incapables de parler d'une seule voix, les européens tergiversent, mais pencheraient plutôt pour une solution qui "ne mange pas de pain" vers un projet de résolution accordant à la Palestine le statut d'Etat non membre des Nations Unies, comme le Vatican ou la Suisse...
Particulièrement dans l'embarras, la France a dit craindre une confrontation diplomatique "stérile et dangereuse". Le souci étant de ne surtout pas gêner l'Etat Hébreu. Passe encore de condamner du bout des lèvres la poursuite de la colonisation dans les territoires occupés, de là à admettre l'existence d'un Etat palestinien membre de l'ONU, il y a un pas que l'Elysée n'est pas prêt de franchir.
Cette opposition collective à l'initiative de l'Autorité Palestine est pain béni pour Israël. L'Etat Hebreu se trouve ainsi conforté dans sa vaste opération de démembrement des territoires palestiniens, afin de ne livrer, le moment venu, qu'un Etat en pointillés, portion réduite voisine d'une super puissance résolument engagée dans une logique de guerre.
L'attitude des grandes puissance est un coup supplémentaire porté au processus de paix déjà moribond, qui nourrit l'amertume des palestiniens, alimente les comportements de haine, donne du grain à moudre aux extrémistes du Hamas, laisse la porte grande ouverte à de nouvelles escalades.
A l'inverse, les négociations avec un Etat souverain reconnu, membre de la "Communauté internationale" créeraient à coup sûr de nouvelles conditions et de nouveaux rapports de force. Mais il faut croire qu'un tel contexte n'est pas dans l'intérêt d'Israël qui préfère à l'évidence mettre en avant la position de nation juive menacée par les peuples arabes et musulmans et invoque l'argument spécieux de la sécurité compromise si la Palestine devient membre à part entière des Nations Unies.
L'opposition à la reconnaissance par l'ONU de l'Etat Palestinien conduit à l'érection d'un nouveau mur à l'image de l'ouvrage colonial hideux dressé par l'Etat Hébreu en Cisjordanie, un mur de la honte.