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Edito : L'appel à une marche populaire, casse-tête pour le pouvoir algérien

On le disait dans un état comateux, voila que le camp de l’opposition repart soudainement à l'offensive en Algérie. Seule formation sur une scène politique monopolisée par les islamo-conservateurs au pouvoir, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD, représenté au parlement) prend l’initiative d’un grand coup : l’appel à une «marche populaire» dans un climat de contestation sociale et de discrédit du gouvernement aux yeux de la jeunesse qui ne voit rien venir de la richesse dont ont lui rebat sans cesse les oreilles.

Un coup osé et surtout pas anodin d’autant que le RCD aligne des mots d’ordre qui pourraient fortement mobiliser dans la société civile : «levée immédiate de l’état d’urgence dont la seule fonction est d’étouffer la vie publique et de couvrir la corruption, ouverture du champ politique et médiatique, restauration de toutes les libertés individuelles et collectives garanties par la constitution». Un condensé de revendications qui pointent le caractère antidémocratique du régime en place, auquel vient s’ajouter l’exigence pour le moins radicale de dissolution de toutes les institutions «élues», qui relance le débat sur un cheval de bataille du RCD : la fraude électorale.

Le pouvoir est pris de court. Il ne s’attendait pas à une telle bourrasque, alors que brûle encore le feu des dernières émeutes. Que faire ? Interdire et réprimer provoquera à coup sûr des étincelles et ravivera le feu de la contestation sur des bases politiques cette fois. Fermer les yeux sur l’évènement, c’est prendre le risque d’un précédent qui pourrait faire tache d’huile et priver les partis installés au pouvoir du monopole bien commode de l’expression politique.

Au moment où le régime du voisin tunisien s’écroule de façon lamentable et que se répand l’idée d’un probable «effet domino», cette initiative de «marche populaire» doit semer le trouble en haut lieu et mettre les «décideurs» dans l’embarras. Un casse-tête, assurément… à moins que ces derniers, aient enfin la bonne idée de prendre simplement acte de ce sursaut démocratique dans le pays et de "sortir" par le haut.