L’État islamique (EI) va-t-il renaître de ses cendres ?
Par La rédactionPublié le
C’est la préoccupation de l’heure chez les services français de renseignement depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad en Syrie : l’Etat islamique trouve-t-il désormais les conditions d’un retour dans cette région ? Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sont à l’œuvre pour évaluer ce risque et sa portée. Tous les signaux sont décryptés, rapporte le quotidien français Le Monde dans son édition de lundi 16 décembre.
Selon cette même source, dans un communiqué daté du 5 décembre, l’EI a exprimé son mépris envers Ahmed Al-Charaa, leader du groupe armé islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), qu'il qualifie de « révolution impie ». Le groupe rival pourrait bénéficier du vide laissé par le déclin du pouvoir syrien, appelant à une reconstitution de ses troupes. Si, pour l'heure, aucun risque immédiat n'est constaté concernant une « projection » de commandos islamistes vers l'Europe, l'EI pourrait exploiter un terrain fertile pour renforcer ses capacités.
Les services de renseignement notent également que la génération de « jeunes djihadistes », âgés de 16 à 18 ans, semble surveiller de près les événements en Syrie. Bien qu'il n'y ait pas de flux sortant identifié vers cette région, certains montrent des intentions militantes. L'absence de rattachement à un groupe et une hostilité envers HTC constitueraient des éléments préoccupants pour la sécurité nationale française, indique Le Monde
Un des rapports majeurs évoque les liens croissants entre l’EI en Syrie et l’EI au Khorassan, opérant principalement entre l’Afghanistan et l’Asie centrale. Ces connexions, facilitées par des plateformes comme Telegram, augmentent les craintes d'une mutualisation des ressources entre groupes djihadistes, renforçant leur capacité opérationnelle.
le risque d'une offensive visant les centres de détention s'accroît
La menace de l’EI-K, considéré comme le plus grand danger dans le paysage djihadiste actuel, s’illustre par des attaques récentes, démontrant que l’EI n’hésitera pas à frapper où que ce soit. La capacité d’Ahmed Al-Charaa à contenir les activités des djihadistes dans la région d’Idlib est donc un point focal observé de près par les services occidentaux, notamment américains et français.
Les tensions persistent également autour de groupes tels que Hourras Al-Din, une émanation d'Al-Qaida, et d'autres factions jugées « très dangereuses ». Ces organisations, dont certaines incluent des combattants issus de divers backgrounds, représentent une menace potentielle pour les efforts de stabilisation de la région.
À l'heure actuelle, alors que les troupes kurdes maintiennent un contrôle sur les djihadistes capturés et leurs familles, le risque d'une offensive visant les centres de détention s'accroît. La chute de Damas pourrait ouvrir de nouvelles voies à l'État islamique pour se réorganiser. La situation demeure donc précaire, laissant planer le risque d'une renaissance de État islamique dans un contexte déjà chaotique.