mosqueparis.jpg

Billet: l'appel à la prière de Nicolas Sarkozy

"Quelles sont les limites que nous mettons à l'islam?". (...) "Il n'est pas question d'avoir une société française qui subirait un islam en France. Nous sommes une société laïque". (...) "Dans un pays laïc, il ne doit pas y avoir d'appels à la prière. Il faut aboutir à un corpus idéologique sur la place des religions en 2011", a encore déclaré le président de la République lors d'une convention de l'UMP. Il invite ses partisans à en débattre le 5 avril prochain.

Au nom de la laïcité, Nicolas Sarkozy veut donc définir la place des religions en France mais, de fait et dans ses propos, il ne s'intéresse qu'à l'islam que nous subirions. Il a déjà cloué au pilori les juges, les policiers, les agents de la pénitentiaire, les enseignants etc... aujourd'hui, il ajoute à sa collection des fauteurs de troubles: les imams et les muezzins. Mais qu'en est-il réellement?

Entendons-nous, dans nos villes et villages, cinq fois par jour le muezzin appeler ses fidèles à la prière ? Même à Marseille qui compte 200.000 musulmans nous n'en avons aucun écho. S'ils prient dans les rues c'est précisément parce qu'ils n'ont pas de mosquée. Une atteinte à la dignité humaine.

Mais poussons sa logique jusqu'au bout. S'il ne doit pas y avoir d'appels à la prière, alors il devra faire taire toutes les cloches de France et de Navarre qui font le cachet de nos petits villages. Car en fait, ce sont les curés catholiques qui appellent ainsi leurs paroissiens à se recueillir dans leurs églises.

Il faudra interdire, également, aux prêtres catholiques intégristes de se déplacer en soutane dans les rues ou encore aux rabbins intégristes d'afficher leur appartenance religieuse tout comme les moines bouddhistes etc. Il faudra également retirer de tous nos calendriers le "Saint du jour".

Bref, qu'est-ce qui inquiète Nicolas Sarkozy ? En fait, ce n'est nullement la place des religions dans notre bonne France laïque mais la percée persistante de Marine Le Pen dans le sondages. Notre futur président sortant a peur d'être sorti par son extrême. A l'horizon 2012, il ouvre la chasse aux voix qui l'ont fait élire en 2007 et pourraient lui faire défaut à la prochaine élection.

Maurice BRANDI