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Algérie : la marche pour la démocratie dispersée à coups de matraque

La marche de la coordination nationale pour le changement et la démocratie a été étouffée dans l’œuf. Les services de sécurité mobilisés en force, ont quadrillé samedi toute la place du 1er mai, point de départ prévu de la manifestation.http://www.mediaterranee.com/

D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont commencé à repousser les manifestants dès les premières heures de la matinée les manifestants venus exprimer.

«Algérie libre et démocratique», « pouvoir assassin», « le peuple veut la chute du régime»  ont scandé quelque 200 personnes qui avaient réussi à atteindre la Place du 1er mai.

Face aux manifestants, une vingtaine de jeunes gens supposés favorables à Abdelaziz Bouteflika sont arrivés brandissant des portraits du président en scandant «policiers, laissez-nous en découdre avec eux», devant des forces de l'ordre visiblement complaisantes.

Selon Maitre Ali Yahia Abdenour, 90 ans, président ’honneur de la ligue algérienne pour le défense de droits de l’Homme, 40 000 policiers ont été déployés à Alger pour empêcher la marche.

Un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été grièvement blessé lors d'un affrontement avec la police. De nombreux animateurs de la Coordination nationale ont été interpellés.

Hier, toutes les voies menant à la Place du 1er mai ont été bouclées et des arrières métalliques disposées sur le site lui-même. De fait, les manifestants étaient bien moins nombreux que le 12 février, d’entre eux ayant été forcés de rebrousser chemin. La circulation des trains en direction d’Alger a été carrément suspendues et tous les accès sévèrement filtrés. Une campagne intense de propagande a été menée la veille auprès des habitants du quartier et des jeunes pour les dissuader de se joindre au mouvement.

Le pouvoir a-t-il réussi pour autant à briser le mouvement naissant de contestation ? Rien n’est moins sûr à l’heure où les émeutes se multiplient dans de nombreuses villes, opposant forces de l'ordre et jeunes chômeurs désespérés, au bout du rouleau, prêts à tout pour arracher une part de cette richesse dont on leur rebat les oreilles sans qu’ils ne voient rien venir.

Le régime de Bouteflika peut sans doute encore amortir les mots d’ordre strictement politiques peu mobilisateurs dans une opinion résignée, qui vit dans la crainte d'un retour à la décennie noire, mais il n’est pas sûr qu’il puisse encore tenir face à la montée en puissance de la contestation sociale.