Tunisie. La société civile se dresse contre l’impunité des policiers violents
Par N.TPublié le
Le décès d’un jeune interpellé par la police et à la diffusion d’une vidéo montrant des actes d’humiliation commis par des policiers sur un mineur devant des témoins mettent le feu aux poudres
La police Tunisienne suscite une nouvelle fois l’indignation de la société civile. La mort d’un jeune homme, Ahmed Ben Ammar, lors de son interpellation et la diffusion d’une vidéo dévoilant des actes d’humiliation sur un autre jeune embrase les quartiers populaires d'Ettadhamen et d'Intilaka, ainsi qu’à Sidi Hassine, dans la banlieue ouest de Tunis.
Les proches de la victime attribuent son décès à des tortures infligées au sein du commissariat. Les autorités démentent et soutiennent la version policière d’une fuite et d’une admission dans un hôpital de Tunis dans un état grave.
Une vidéo virale diffusée le lendemain de sa mort exacerbe la colère. Elle montre le passage à tabac en plein jour d’un mineur dénudé devant des témoins et traîné vers une voiture de police. Les autorités appuient encore une fois les dires des agents. Selon elles, le jeune s’était « déshabillée volontairement lorsque la patrouille de police avait essayé de le maîtriser, dans un geste provocateur ».
Acculé, le chef du gouvernement, également ministre de l’Intérieur par intérim, déclare l’ouverture de deux enquêtes et la suspension des policiers impliqués.
Pas de quoi convaincre les organisations mobilisées pour déclencher une riposte à hauteur de la gravité des faits. Le syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) annonce, mercredi 16 juin, son intention de se porter partie civile aux côtés d’une dizaines d’autres associations, dont la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH). L'Union générale tunisienne du travail (UGTT), porte plainte contre le Premier ministre pour violences policières.
Une manifestation a lieu vendredi 17 juin en fin d’après-midi pour dénoncer l’impunité des policiers. Ils sont rarement poursuivis en justice pour les bavures et autres atteintes à la dignité des citoyens interpellés.
Le président de la République Kaïs Saïed, a convoqué le chef du gouvernement, pour faire part de sa « colère » et de sa « condamnation » des événements.
Condamnés au chômage et livrés à la violence policière
« La sanction effective des responsables de ces violations marquera la fin de l'impunité des personnes dépositaires de la force publique qui pensent pouvoir s'absoudre du respect de la loi tunisienne et de l'État de droit, déclare le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) en Tunisie, dans un communiqué.
Ces actes interviennent dans un contexte politique tendu, marqué par une profonde mésentente entre le chef de l’Etat et son Premier ministre. L’économie, dont la régression a été accélérée par la crise sanitaire, laisse des millions de jeunes sur le carreau, condamnés au chômage et livrés de surcroît à la violence policière.
La Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) dénombre plus de 600 mineurs qui auraient subis des tortures après leur arrestations durant les émeutes de janvier 2021. des nervis de Ben Ali hante encore la mémoire des Tunisiens
Photo: La Presse