Algérie : ce premier ministre qui veut faire plier les oligarques…
Par N.TPublié le
Nommé le 25 mai dernier, le premier ministre algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait jeté quelques pavés dans la marre lors de la présentation de son plan d’action devant le parlement. Il avait promis, entre autre, de déconnecter l’argent de la politique…
Faisons un rêve… écrivions-nous alors ici même, en se demandant s’il allait avoir le courage politique de stopper l’assaut de ces oligarques gavés de marchés publics et qui attendent tranquillement de rafler les bijoux de familles, comme promis par l'inamovible Ahmed Ouyahia (1) porte-parole de la bourgeoisie d’affaires…
De ce rêve, aussi fragile soit-il, à la réalité, il y a désormais quelques indices dont on peut se réjouir. A commencer par la charge contre le patron des patrons, magnat des BTP, au bras long, dit-on, sur la scène politique, faiseurs de rois et donneur de leçons.
Jusque-là intouchable, l’inénarrable Ali Haddad voit ses entreprises mises en demeure de rattraper des retards de réalisation sur des chantiers publics, mais pas seulement. Cette tête de liste des oligarques est aussi priée de se tenir à l’écart de la scène politique.
La presse, qui se régale de ces premières escarmouches, y voit, sans surprise, des manœuvres en coulisse pour préparer la succession à Bouteflika. Les «forces de l’argent», croit-on savoir, envisageraient de se détourner de ce dernier et regarderaient ailleurs. Le premier ministre serait à l’œuvre pour les en dissuader.
Qu’à cela ne tienne, en attendant de voir plus clair, nul ne se plaindra que ces rapaces soient enfin au moins rappelés à l’ordre.
Les algériens ne sont pas dupes, qui voient circuler trop d’argent, trop d’argent sale, des fortunes express inexpliquées, indécentes, une économie parallèle qui fait le bonheur de bataillons d’affairistes véreux et autres importateurs sans scrupules, qui surfacturent et excellent dans l’évasion fiscale.
« Rien ne pourra entamer la volonté du gouvernement qui restera attaché à exécuter avec force les objectifs tracés dans son plan d’action », a promis le Premier ministre. Alors, continuons à rêver.
(1) Directeur du cabinet du président Bouteflika et chef du gouvernement de 1995 à 1998, de 2003 à 2006 et Premier ministre de 2008 à 2012.