Qui sème le vent...
Par yazPublié le
Son personnage meuble les discussions de comptoir face aux images des chaînes d’information continue et les repas de famille le dimanche, on ne voit et on n’entend quasiment plus qu’elle sur toutes les ondes aux heures de grande écoute, elle fait la une des quotidiens et des magazines… La fille Le Pen, héritière du parti d’extrême droite fondé par son père, fait une entrée fracassante sur la scène politico-médiatique française.
Et voilà que la première bataille électorale conduite sous sa houlette, les cantonales, propulse sa formation à plus de 15% des suffrages au premier tour qui a eu lieu dimanche, devant la «droite classique» au pouvoir.
Le Front National qui n’avait aucun conseiller général peut désormais se maintenir au deuxième tour de dimanche prochain dans de nombreux cantons et se permettre même de rafler la mise avec le concourt des électeurs de l’UMP (majorité présidentielle) restés orphelins. C’est d’ailleurs en siphonnant une partie des voix de ce camp, déjà plombé par la forte abstention, que le FN est monté en flèche.
Nul besoin en effet d’être un fin analyste pour comprendre que l’extrême droite doit une fière chandelle à Nicolas Sarkozy qui lui a soigneusement déblayé la piste pour un élan de popularité, à coup de surenchères sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité, de l’identité, de la délinquance, de la vie dans les quartiers, de l’éducation, de l’Islam, de la laïcité... Dans tous ces plis de la société française où sommeillent les démons de l’intolérance, du racisme et de la xénophobie.
L’extrême droite a eu ainsi l’embarras du choix, entre Idées toutes faites, clichés, stigmatisations, raccourcis idéologiques, pour construire les discours populistes qui font facilement mouche, qui plus est dans un contexte de crise et face à un gouvernement secoué par des scandales à répétition.
Les candidats du Front National qui se trouvent désormais en lice dans un nombre impressionnant de cantons, n’avaient rien à faire valoir, ni expérience de terrain, ni maîtrise particulière des secteurs gérés par les Départements, à l’inverse des élus de gauche et de droite classique, rodés à ces fonctions électorales de «proximité». Ils réalisent malgré ce des scores surprenants au point de susciter l’appel à des «fronts républicains» pour leur faire barrage. C’est le signe que leurs idées ont fait tâche d’huile et qu'elles prennent racine jusque dans les terroirs…
A une année des présidentielles, la droite française à finalement tout intérêt à prendre conscience de sa descente aux enfers pour se redresser, plutôt que de fanfaronner. Et la gauche de se ramasser pour faire bloc et éviter que la couleur de la France ne vire au gris.