Bouteflika candidat, le scénario le plus sombre…
Par N.TPublié le
Un brin cynique pour un président dont le règne a été marqué par la fraude électorale, Bouteflika somme l’Administration d’observer « une stricte neutralité » lors du scrutin. Dès lors, pour une grande partie de l’opinion, la messe est dite. Il sera très probablement en piste pour un quatrième mandat. Comme à l’accoutumée, les dès seront pipés et il sera réélu, sans doute plus triomphalement que jamais, un pied de nez à ses opposants et… aux Algériens impuissants devant un système verrouillé.
Si elle venait à se confirmer, cette hypothèse consacrerait alors la victoire du « clan présidentiel » sur ses opposants. Une horde d’affairistes et de corrompus soigneusement protégés pourra dormir tranquille dans un premier temps, en attendant de voir venir une solution de rechange, pour quand le président viendra à quitter la scène, forcément, en raison de son état de santé et de son âge. C’est le scenario le plus sombre, celui de tous les dangers. « Nous prendrons alors les décisions qui s’imposent », c'est-à-dire le retrait des candidatures, annonce le candidat Ahmed Benbitour, qui se fait l’écho des intentions d’une kyrielle de formations.
Chef du gouvernement de fin 2009 à l’été 2000, ce dernier se targue d’avoir claqué la porte de l’exécutif en réaction aux ordonnances prises abusivement par le chef de l’Etat. Sa candidature est auréolée d’un statut de technocrate « membre de cinq gouvernements successifs, de l’énergie aux finances ». En cas de renoncement de Bouteflika à un quatrième mandat, il se verrait bien pérorer en tête. Le fait est seulement que ce haut manager confond cours de stratégie d’entreprise qu’il dispensait autrefois et programme politique. Son discours est inaudible. Tout comme celui d’Ali Benflis, ex-premier ministre (août 2000 à septembre 2001) et ex-ministre de la Justice également candidat.
Cet avocat de formation se remet en course après une cuisante défaite en 2004. Depuis lors, « il n’a pas pris la parole, pas fait de politique », rappelle Fodil Mézali, patron du quotidien de gauche La Cité. Selon lui, « les réseaux que Benflis a entretenu auprès du FLN, de l’armée et du DRS, ne seront pas suffisants car il n’offre pas de perspective digne d’intérêt ». Dans tous les cas, il ne peut faire le poids face à cet autre ex-chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche (septembre1989 à juillet 90).
« Si Bouteflika n’est pas partant, il sera sans doute l’homme du consensus. C’est certes un homme du système, mais il n’en a pas moins la volonté de le changer avec le soutien d’une partie non négligeable de l’armée » affirme Mr Mézali. Qualifié de « réformateur » à la fin des années 80, Hamrouche vient en effet de rappeler à cette dernière ses engagements pour « l’édification d’un Etat moderne » et la « poursuite du processus démocratique ». Sa candidature est attendue, au moment où ces lignes son écrites. « Ni Benflis, Ni Hamrouche ne sont les hommes du changement ! » clame en revanche Sofiane Djilali, président du parti Jil Jadid (Nouvelle Génération) seule formation d’opposition en course pour les présidentielles, mais qui n’exclut pas de se retirer au cas où Bouteflika entre en scène. « Nous sommes arrivés à la fin d’un parcours, or ils font tout pour se maintenir, les algériens qui ont compris les enjeux sont écœurés », s’offusque Mr Djilali.
L’Algérie est ainsi confrontée à un redoutable défi qui se pose à elle dans tous les cas de figure : comment sortir de l’impasse Bouteflika ?