France : suite aux incidents de Trappes, Valls se contente d’encenser la police
Par N.TPublié le
Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a longuement rendu hommage aux policiers suite aux incidents dans la ville de Trappes lundi lors d’une visite sur les lieux, alors que la tension reste vive dans une ville où les comportements des forces de l’ordre suscitent indignation et colère dans les quartiers.
Trappes a été le théâtre de violences opposant de jeunes émeutiers aux forces de police depuis vendredi soir, à la suite du contrôle d'identité d'une femme portant le voile intégral. Les policiers nient le comportement brutal et les propos insultants que leur prête la famille contrôlée. Manuel Valls n’a retenu pour sa part que leur « efficacité » pour le rétablissement de l’ordre, au risque de jeter de l’huile sur le feu.
« Ce contrôle s'est fait dans les meilleures conditions possibles », a affirmé M. Valls, qui a salué le professionnalisme, le respect et la déontologie dont savent faire preuve les policiers français, selon lui. Les cas sont nombreux pourtant d’interpellations abusives et plutôt musclées, notamment de citoyens d’origines immigrés.
« Le calme est en train de revenir (...) grâce à l'engagement des forces de l'ordre", s'est réjoui le ministre de l'Intérieur, ajoutant que leur présence sur ce territoire se poursuivrait « autant que nécessaire ».
« Je suis venu pour dire aux forces de l'ordre que je les soutiens, qu'elles ont ma confiance dans ce travail particulièrement difficile », a-t-il insisté au cours d'une conférence de presse donnée sur place.
Le port du voile intégrale est interdit par une loi adoptée en octobre 2010. Mais « l'erreur serait de réduire cet événement à son évidence première, c'est-à-dire à son caractère religieux », met en garde Hicham Benaissa, chercheur au Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS, dans un entretien accordé au journal Le Monde dans son édition de lundi 22 juillet.
Selon lui, « la question religieuse vient ici habiller des questions sociales beaucoup plus enracinées. Il y a un sentiment de marginalisation dans ces quartiers, avec un taux de chômage élevé, une délinquance présente. La question religieuse et celle de l'islamophobie viennent renforcer ce sentiment d'injustice. Il me semble que le conjoncturel est inséparable du structurel ». Matière à réflexion pour le fringant ministre de l'Intérieur.