Marche du RCD empêchée ce matin à Alger. Said Sadi : «Une véritable opération jumelles»
Par N.TPublié le
La marche à laquelle a appelé le RCD n’a finalement pas eu lieu ce matin à Alger. Le dispositif de sécurité impressionnant, comme à l’habitude en pareilles circonstances depuis le 14 juin 2001, a empêché ceux qui ont répondu présents de se rendre à la place du 1er mai d’où devait s’ébranler le mouvement de protestation. Pire, les cadres du parti eux-mêmes ont été confinés au siège du parti sis à la rue Didouche Mourad et n’ont pu gagner le point de départ quadrillé par les compagnies nationales de sécurité, les CNS, l’équivalent des CRS français. Said Sadi s’est exprimé lors d’un point de presse.
Le siège du parti encerclé
Sur place nous constatons qu’environ une centaine de manifestants se sont regroupés devant le siège étroitement encadrés par la police anti-émeute positionnée à l’entrée du parti. Des slogans hostiles au pouvoir sont chantés à tue-tête. Une femme d’une cinquantaine d’année crie elle aussi un « Pouvoir assassin » enroulée dans l’emblème national. La tension vient de baisser, les blessés ont été évacués.
On nous explique que les forces de sécurité n’ont pas hésité à tabasser députés, citoyens militants ou simples marcheurs déterminés à exercer leur droit à la contestation. A l’intérieur, les locaux du RCD grouillent de monde. Des jeunes et des moins jeunes racontent le bouclage d’Alger devenue forteresse en ce 22 janvier 2011 : «Des barrages fixes ont ralenti la circulation de façon à nous empêcher d’arriver avant onze heures au 1er Mai, heure prévue pour le début de la marche» Nous montons à l’étage et croisons quelques représentants de la société civile.
Invités à rejoindre le bureau du président du parti, nous assistons à un point de presse à chaud. L’air serein malgré les cris qui fusent au bas de la fenêtre, le docteur Sadi ne mâche pas ses mots. «Voilà où nous en sommes, une marche populaire qui a déclenché l’opération Jumelle. Nous assistons à une bénalite aiguë, l'affolement (des décideurs -NDLR) est dû
à la peur de perdre leurs privilèges. Mais nous ne lâcherons pas l’affaire, c’est l’Algérie qui est menacée, c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu. Nous avons reçu des messages de soutien de nombreuses associations et syndicats dont certains représentants sont venus à l’instant nous exprimer leur solidarité» .
Puis à une question portant sur le bilan de la répression, le leader du RCD annonce une cinquantaine de blessés, des dizaines de citoyens arrêtés dont des cadres du parti. «Voyez l’hélicoptère qui survole les rues d’Alger, il ne manque plus que le général Massu. La Casbah a été encerclée, Bab El Oued isolé, la Moutonnière coupée, le chemin de fer paralysé à l’est et à l’ouest…Je ne pense pas qu’un pouvoir qui réagit de la sorte soit conscient de la gravité de la situation».
"Bouteflika se cache"
Enchaînant sur l’analyse politique globale, Said Sadi déclare que c’est «Bouteflika en personne qui a donné l’ordre de cette campagne anti-marche lancée sur les canaux de la télévision nationale tout en recommandant qu’on ne le fasse pas savoir pour s’autoriser par la suite le beau rôle d’un modérateur en remaniant le gouvernement ou en prenant des mesures d’apaisement. Ce n’est pas du tout ce que nous exigeons, ni un changement d’exécutif ni le remplacement de Bouteflika, ce que nous voulons c’est en finir avec ce système. Les Algériens en ont assez de vivre sous deux collèges, les gens du régime comme l’UGTA qui manifestent bien sécurisés par la police et les autres, les Indigènes qui n’en ont pas le droit. A chaud, je suis tenté par cette analyse : Si la marche avait eu lieu ils n’auraient pas pu l’ignorer à cause du raz de marée des citoyens. Le pouvoir réagit en ce moment motivé soit par la peur, soit parce qu’il sous-estime la situation ou bien parce qu’il y a mésentente dans le sérail. Dans tous les cas de figure cela ne nous regarde pas. Ils ont instruit leurs troupes de rester mobilisés pour plusieurs jours voire un mois, nous sommes d’accord au moins sur ce point avec le pouvoir, c’est que cela va durer. Aujourd’hui, cela ne fait que commencer, c’est le début d’un processus.»
Akli Tira