Dominique Strauss-Kahn s'en sort à bon compte, le procureur demande l'abandon des poursuites
Par N.TPublié le
Dominique Strauss-Kahn revient de loin, et c'est le moins que l'on puisse dire. Depuis le dimanche 15 mai, jour de son inculpation d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration et la nuit passée dans une cellule de la Special Victims Unit (SVU), l'ancien président du FMI a vécu une période en dents de scie, marquée par un bras de fer très médiatisé entre ses avocats et celui de la présumée victime, Nafissatou Diallo. L'abandon des poursuites à son égard, qui devrait être confirmé mardi 23 août, constitue apparemment le dernier épisode d'un feuilleton qui a fait couler beaucoup d'encre dans les médias de part et d'autre de l'Atlantique et qui a tenu en haleine la classe politique française.
Le procureur de New York, Cyrus Vance Jr, a demandé, lundi 22 août, à la justice de New York d'abandonner les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn. Le parquet avance l'argument de la perte de crédibilité de Mme Diallo, au motif qu'elle avait menti à de nombreuses reprises. L'avocat de cette dernière a immédiatement dénoncé un déni de justice.
"Nous recommandons respectueusement que les poursuites soient abandonnées", écrit le procureur dans le document adressée au juge Michael Obus. "Les preuves physiques, médicales et d'autre nature dans ce dossier n'ont qu'une valeur limitée en ce qui concerne les points clé contestés d'usage de la force et d'absence de consentement. Ces preuves démontrent que l'accusé a eu un rapport sexuel avec la plaignante le 14 mai 2001. Mais cela ne démontre pas que ce rapport était forcé ou non consenti, et cela ne peut corroborer le récit de la plaignante", précise le texte. Les mensonges "accablants" de la plaignante rendent la poursuite de la procédure impossible, souligne le procureur.
"Au moment de l'inculpation, toute les preuves que nous avions récoltées nous avaient convaincu de la fiabilité de la plaignante. Mais les éléments collectés lors de l'enquête post-inculpation ont largement sapé sa crédibilité en tant que témoin dans cette affaire", poursuit le texte. "Si nous ne pouvons pas la croire au-delà de tout doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire. (...) Par exemple, pendant deux interrogatoires, la plaignante a fait une description saisissante et convaincante de son viol dans son pays d'origine. Elle admet maintenant que ce témoignage était faux."
"Cyrus Vance a refusé le droit d'une femme à obtenir justice dans une affaire de viol. Il n'a pas seulement tourné le dos à une victime innocente mais aussi aux preuves matérielles dans cette affaire", a déclaré Kenneth Thompson, qui avait tenté auparavant de dessaisir le procureur Vance, mais en vain, ne trouvant aucun expert pour l'épauler.
"Nous maintenons également qu'il y a de nombreuses raisons de croire que l'accusatrice de M. Strauss-Kahn n'est pas crédible. M. Strauss-Kahn et sa famille savent gré aux services du procureur d'avoir pris leurs préoccupations au sérieux et d'avoir conclu de lui-même que cette affaire ne pouvait aller plus loin", ont déclaré de leur côté les avocats de DSK, William Taylor et Benjamin Brafman.
"l'affaire DSK" n'est toutefois pas complètement terminée. Les avocats de Nafissatou Diallo ont en effet lancé au début du mois une procédure civile devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts après l'agression "violente et sadique" contre leur cliente. Une procédure qui aurait toutes chances d'aboutir, mais qui ne retient pas DSK au Etats-Unis. Celui-ci pourrait ainsi débarquer en France en plein remue-ménage interne au PS dans les perspectives des primaires. Appréhendé par les uns, salué par les autres, son retour ne laissera personne indifférent dans la famille socialiste.