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Algérie : les despotes de l’opposition algérienne poignardent le mouvement pour le changement (Opinion)

En Algérie, la coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a fini par éclater, malmenée par ses membres actifs n’ayant pas su dépasser les sempiternelles rivalités partisanes qui ont discrédité toute possibilité de convergence démocratique depuis l’avènement du pluralisme politique dans les années 1990.

Il faut rappeler que c’est cette jeune structure qui a le mérite d’avoir essayé de capitaliser l’actualité révolutionnaire dans les pays arabes pour tenter d’exercer de nouvelles pressions sur le pouvoir algérien en organisant deux tentatives de marches à Alger ces dernières semaines mais qui ont été empêchées par un impressionnant dispositif policier. Des marches citoyennes pour plus de libertés individuelles, pour l’ouverture du champ politique et pour un changement radical de système de gouvernance.

Que s’est-il passé pour que cette coordination de l’espoir éclate? Officiellement, et comme s’en réjouit l’APS- l’agence de presse du régime- la division viendrait du refus de la part des associations de la société civile, dont la sulfureuse ligue algérienne des droits de l’homme, de la «caporalisation de la coordination du mouvement par les partis politiques».

Ceux qui ont fait l’effort de s’intéresser de près à la dynamique ont vite compris qu’il s’agissait de se débarrasser du Rassemblement pour la culture et la démocratie de Said Sadi dans le collimateur du pouvoir ces derniers temps mais aussi de ses rivaux islamistes ou néoconservateurs à l’algérienne tels le Front des forces socialistes (FFS) dont le boss en exil, le charismatique Hocine Ait Ahmed aurait apprécié l’analyse fade et anachronique de la situation politique en Algérie balancée à la presse par Abdelhamid Mehri, un cacique du système qui s’est adressé à son camarade, le président Abdelaziz Bouteflika, par un tissu d’âneries, pour reprendre une expression chère à Réda Malek.

En réalité, personne n’ignore que cette ligue des droits de l’homme, qui joue à la vierge effarouchée, reste inféodée au FFS qui a décidé de se retirer de la CNCD (qu’il voulait piloter seul) dans la nuit qui a suivi la première réunion dès lors qu’un invité imprévu, le RCD, est venu surprendre l’assistance par sa présence active.

C’est donc un grossier mensonge de parler d’une aile contre la présence de partis politiques puisqu’elle travaille, au contraire, pour un parti politique de l’opposition qui paraît avoir, à son tour, choisi de ménager le pouvoir en place pour l’on ne sait encore quel sombre dessein.

Les démocrates, toujours prêts à suivre ceux qui agissent contre le statu quo de la médiocrité, vont devoir de nouveau subir cette énième dispersion des rangs dans une lutte improbable pour faire échec à la toute puissante machine d’Etat que le régime utilise pour perpétuer son emprise sur l’Algérie en pillant ses richesses et désespérant le peuple.

Que pouvait-il arriver d’autres quand des partis politiques se tirent une balle dans le pied en cautionnant la thèse de «tous des pourris» pour écarter les rivaux éternels? Le FFS, à l’instar du RCD et de tous les autres partis d’opposition qui ont préféré le pouvoir à l’influence de leurs concurrents, devront disparaître avec le régime qu’ils ont toujours sauvé par leurs querelles fratricides.

A moins d’un sursaut des militants de base pour renverser des Moubarak, des Ben Ali et autres Kadhafi qui ont pris en otage leurs formations politiques sans jamais envisager l’alternance qu’ils réclament au système en place.

N. M.