L’art de brasser du vent
Par N.TPublié le
Promis, juré, Nicolas Sarkozy n’ira pas au Fouquet's le soir de sa réélection, ce restaurant parisien de riches qui a tant terni son image, a-t-il bafouillé mercredi soir sur France 2. Et d’ailleurs, les riches, dont même les « amis » grands patrons, ne perdent rien pour attendre. Le candidat Sarkozy se dit prêt à grignoter leurs rémunérations mirobolantes. Fini les « retraites chapeaux » et les « parachutes dorés » qui gonflent les fortunes de manière indécente. Plus question, non plus, de se faire copieusement arroser par les copains membres du Conseil d’administration. Le dernier mot reviendra aux seuls actionnaires pour la fixation des salaires des big boss.
Les salaires justement, ceux du bas de l’échelle, le président candidat s’en préoccupe tout particulièrement. Et de mettre sur la table une proposition inédite pour récompenser la peine des 7 millions de Français qui tirent constamment le diable par la queue, avec des petites fiches de paie, entre 1200 et 1400 euros nets par mois : 1000 euros par an de plus ! Une cagnotte provenant de la suppression des charges et de la prime pour l’emploi, formule inefficace qui n’a pas découragé l’assistanat, cette tentation malheureusement toujours présente chez les chômeurs et qui fait tache sur le modèle social français, estime le patron de la droite.
Nicolas Sarkozy « candidat du peuple » qui parle au peuple se répand ainsi en promesses autour du travail et des rémunérations. Il a endossé pour ce faire l’uniforme de justicier dans un pays, pense-t-il, qui ne récompense pas l’effort, mais laisse plutôt le champ libre à l’enrichissement facile et à l’assistanat, deux pôles d’une grande injustice à la source du malaise français. Le patron de l’UMP espère faire basculer en sa faveur une partie non négligeable de l'electorat des classes moyennes pour combler l’écart avec son rival socialiste.
Seul problème et pas des moindres : la portée des dispositifs envisagés reste plus que discutable. Nombre de hauts dirigeants qui s’attendaient à être montrés du doigt ont pris les devants et admettent désormais « d’encadrer » leurs rémunérations. Rapportés au salaire mensuel net, les 1000 euros/annuel, des clopinettes, ne changeront rien au pouvoir d’achat des ménages à faibles revenus. Bien chanceux enfin les allocataires de RSA (revenu de solidarité active) qui peuvent trouver un job pour 7 heures rémunérées au smic, comme le souhaite le candidat. L’incapacité des services publics de l’emploi largement débordés fait de cette proposition un vœu pieux.
Au final, un ensemble de mesurettes qui « habillent » un discours de campagne plus proche de l’entourloupe que d’un véritable plan de réhabilitation du Travail. Le candidat Nicolas Sarkozy innove sans doute, mais dans l’art de brasser du vent.