Commentaire : Le RCD monte au créneau. Pourvu que ça marche…
Par N.TPublié le
Beaucoup supposent que le parti de Said Sadi ne réussira probablement pas à canaliser la colère latente des citoyens exaspérés par le régime politique pourri qui dirige l’Algérie. Par contre, on doit reconnaître qu’il parvient aisément à nourrir la rancœur, à stimuler les organisations politiques concurrentes et à faire sortir le loup de sa tanière.
Dans les rues d’Alger, ce samedi 22 juin, tout le monde ne pensait pas marcher. Soit par désenchantement soit par opposition à un parti qui ne s’est pas fait que des amis depuis sa création. Mais, la plupart des passants que nous avons pu accoster condamnaient le dispositif policier mis en place pour une poignée de manifestants capables démarcher pacifiquement.
Une vingtaine d’années plus tard, le RCD garde en effet sa réputation de parti élitiste, aux militants organisés. Conscient de la faiblesse de ses effectifs, Said Sadi a tenté d’exploiter le surnombre de l’autre camp pour renverser le point de vue des observateurs.
On ne s’attardera pas sur la mobilisation controversée des marcheurs mais sur celle gargantuesque des forces de sécurité. La délirante disproportion entre l’investissement répressif et la réalité de l’événement donne une dimension fantasque à la situation. Les plus suspicieux y voient déjà un signe de connivence entre les cercles du pouvoir et le «parti kabyle expérimenté en coups fourrés».
Le communiqué du FFS déclarant se retirer de l’initiative plurielle qui prépare une autre marche pour le 9 février, au nom d’une coordination de partis dont le RCD, de syndicats et d’associations diverses, rajoute sa part de doute. Pourtant, le syndrome tunisien semble avoir modéré les déclarations. Comme une crainte dans l’air que tout s’accélère et que le RCD n’ait une longueur d’avance pour avoir osé.
L’opportunisme tempère la méfiance et chacun veut prononcer son «oui mais…» à un Sadi aussi rassembleur qu’en ces jours où le CNSA, le comité national de sauvegarde de la république naissait avec feu Benhamouda de l’UGTA. Que penserait d’ailleurs le défunt de la guerre déclarée entre le RCD et la centrale syndicale en cet hiver 2011?
Said Sadi continue habilement à résister à la fatale disparition de sa formation politique en s’engageant dans des aventures politiques où il sait qu’il ne réussira pas totalement tout en s’assurant d’éviter un échec complet. Funambule avec le filet de la communication pour sauver la face.
Comme une rock star occidentale, le Docteur fascine et repousse des millions d’Algériens condamnés à commenter ses spectacles toujours empreints de gravité sans suite. Après le rejet de la dernière fraude du siècle il sut défendre la concorde nationale pour finalement vouloir barrer la route à Bouteflika en 2004.
La politique est dynamique et Da Said l’est davantage. Ce gars là a le mérite de vouloir influer sur le cours des choses, parce que lui, le malin, doit être convaincu d’une chose : on ne surveille pas l’avènement d’une révolution pour la rallier, on doit savoir la provoquer quitte à y
manipuler ses adversaires d’hier.
Ils sont nombreux les Algériens démocrates à accepter le coup de sorcellerie du RCD pourvu que ça marche et que l’on renverse enfin ce système !
Akli Tira