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Culture : L'exposition marocaine d'Yves Saint-Laurent

Une somptueuse exposition de mode est organisée dans le jardin de Marjorelle à Marrakech, jusqu'au 18 mars, sous le titre "Yves Saint Laurent et le Maroc".


Moins snob que celle qui fut montrée au Petit Palais à Paris, l'année dernière, l'exposition met en exergue les influences nord-africaines, dont  le couturier ne se sépara jamais et qui les utilisa souvent, tout au long de sa carrière, dans ses collections de mode magnifiques et uniques.

Quarante-quatre modèles qui partiront à Casablanca en avril, pour être exposés à la Villa des Arts,  sont visibles dans le jardin de l'ancien atelier de Jacques Marjorelle.

L'atelier Marjorelle a été le lieu privilégié des rencontres artistiques,  rendez-vous des originaux en tout genre, surtout de la post-beat génération de retour de Tanger, qui furent accueillis par Talitha et Paul Getty.

La large famille des marginaux devient vite celle du grand couturier et s'enrichit de présence de Loulou de la Falaise, toujours habillée comme une princesse orientale, et celle de Betty Catroux, qui a partout promené sa curieuse chevelure d'or pâle.

A cet endroit, Yves Saint Laurent a créé en 1967 sa célèbre ligne "YSL Rive Gauche" suivant les envies des jeunes femmes qui ne voulaient plus ressembler aux petites filles d'Yvonne de Gaulle.

Un an plus tôt, le styliste avait commencé à élaborer son vestiaire nord-africain : au charme des costumes locaux, il avait ajouté le luxe d'une garde-robe hippie chic.

Une décennie plus tard, St Laurent  créait et modernisait les vêtements des femmes berbères, portant lui-même la très célèbre "saharienne", inspirée des tenues maghrébines avec à l'époque un rival de taille, le talentueux Kenzo, lui aussi fervent adorateur du dressing nord-africain.

En ces temps de féminisme affirmé, YSL a mis les femmes et les hommes au même niveau en les habillant dans magnifiques caftans, burnous, djellabas, tuniques claires et transparentes, complétées pour le soir par des robes longues.

Depuis, le génial créateur a destiné le sarouel aux femmes, non sans raison.

Cette influence nord-africaine se renouvelle actuellement dans les collections des marques les plus connues : "Gucci", "Sergio Rossi" ou "Céline" qui a récemment proposé une version techno du burnous et des lissages de laine berbère sur un plastron ivoire.

Tom Ford a enfin présenté sa première collection féminine, en septembre dernier, lors de la New York Fashion Week. Ses caftans d'origine nord-africaine ont été un hommage à son illustre prédécesseur, né à Oran, et qui, à la fin de sa vie, a retrouvé à Marakkech la joie et la sérénité de l'enfance.

Même Stefano Pilati, actuel directeur artistique de la "Maison St-Laurent" a réalisé à Marrakech sa saison printemps-été 2011.

Djana Mujadzic