SNCM : ce double discours qui pourrait coûter cher au PS, pour les municipales !
Par nicolas éthèvePublié le
Six semaines après la fin de la grève de la SNCM conduite du 1er au 9 janvier pour obtenir des garanties de l’État, les salariés restent inquiets, malgré l'engagement pris par l’État sur l'achat de 4 nouveaux bateaux et la préparation d'un décret protégeant le pavillon français en régulant la concurrence étrangère entre la métropole et la Corse.
Deux jours avant la tenue d'un nouveau conseil de surveillance crucial pour l'avenir de la compagnie maritime, ce 25 février, Médiaterranée fait le point avec Maurice Perrin, représentant de l'actionnariat salarié et délégué syndical CFE-CGC. Entretien...
M. Perrin, aujourd'hui, êtes-vous confiant ou inquiet pour l'avenir de la SNCM ?
« Je suis confiant dans l'avenir de notre compagnie dont l'ensemble du corps social est aujourd'hui soudé autour d'un plan de développement validé depuis maintenant longtemps. Ce qui est inquiétant, c'est qu'il y a eu des tergiversations inattendues en novembre et décembre, de la part du cabinet du ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Et surtout de la part de son directeur de cabinet, Emmanuel Kesler, qui a joué un rôle clé dans la tentative de nous faire abandonner le plan de développement de la SNCM. Ce plan de développement avait pourtant été validé par l'ensemble des actionnaires ! Il a fallu des arbitrages, au plus au niveau de l’État, à Matignon et à l'Elysée, pour que tout reprenne un cours normal, ce qu'il s'est passé. C'est pourquoi aujourd'hui, je n'imagine pas que ce dossier n'aboutisse pas. La grosse question aujourd'hui reste celle des rythmes et des délais, parce qu'effectivement, il y a des gens dans la super-structure État, qui n'ont pas renoncé à ce qu'ils pensaient, c'est à dire la liquidation de la SNCM.
Comment envisagez-vous les prochaines semaines ?
Pour nous, il faut rester en rythme. Les dernières prises de position des PDG de Transdev et de Veolia imposent de traiter simultanément les questions de l'actionnariat et du plan de développement. Nous sommes l'anniversaire de la venue à Marseille des conseillers de Frédéric Cuvillier en février 2013, déjà à l'époque ils disaient que l’État ne serait plus un actionnaire dormant, ce qui est devenu une réalité tout au long de l'année... Ils disaient surtout qu'il fallait discuter des conditions de sortie de Veolia, alors que les actionnaires eux-mêmes n'en finissent plus de dire qu'ils veulent partir de la SNCM : il faut donc traiter la question de l'évolution de l'actionnariat simultanément à la question des commandes des navires qui sont à l'ordre du jour du conseil de mardi. Dans la lettre adressée par François Hollande à Michel Vauzelle, le président de la Région PACA, le président de la République française écrit bien que le renouvellement des navires est à la base de la compétitivité future, ce qui signifie qu'il a très bien compris l'enjeu pour notre entreprise. Donc, aujourd'hui, nous attendons que le conseil de surveillance de la SNCM autorise mardi Marc Dufour à finaliser la commande des nouveaux navires, que la question de l'actionnariat soit simultanément traitée et que la table ronde promise par le ministre des transports le 8 janvier et confirmée par François Hollande le 20, soit organisée en présence des actionnaires salariés.
Craignez-vous que l’État ne joue la montre pour passer le cap des élections municipales avant de lâcher la SNCM ?
Je n'ose pas penser que François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Frédéric Cuvillier puissent se prêter à ce genre de manœuvres... Certains le souhaitent, certains s'expriment dans ce sens-là, mais la France n'a pas besoin de ça. On a fait toute une année 2013 sans grève, plusieurs fois on a apporté des solutions, l'ensemble du corps social s'en est emparé et ces solutions sont portées largement en Corse, comme à Marseille, notamment par de nombreux élus... Revenir sur quelque chose d'aussi fort qu'est cette cohésion interne à la SNCM et qui rentre en cohérence avec nos tissus régionaux, ça ne serait pas sérieux du tout ! Donc, il ne faut plus tergiverser, même si on sait que dans la super-structure État et, en particulier dans la direction du cabinet de Frédéric Cuvillier, certains n'ont pas changé d'avis et n'ont pas accepté les arbitrages rendus par Matignon et l’Élysée... Les forces qui ont voulu la liquidation de la SNCM, elles existent toujours aujourd'hui : si elles reprennent la main, on sera dans un scandale politique majeur ! »
Recueilli par N.E
Mise à jour du 26.02.14, à 15h50 : Mauvaise nouvelle, pour tous ceux qui croient au projet de développement de la SNCM : les représentants de l’État se sont abstenus sur la commande de nouveaux navires auprès des chantiers STX de Saint-Nazaire, tandis que Veolia et Transdev ont voté, sans surprise, contre. Ce qui a eu pour effet de suspendre le conseil de surveillance, après 4heures de discussions, jusqu'au 7 mars prochain.
Sur Twitter, Pierre Maupoint de Vandeul du syndicat CFE-CGC Officiers, a immédiatement commenté ainsi cette posture de l’État, aux abonnés absents :
#SNCM l'état se déjuge et met en grand danger le projet validé.Conseil de Surveillance le 7 mars, date limite pour choisir un chantier!
— PMV (@vandeul) 25 Février 2014
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