Ce dont rêvent les loups…
Par yazPublié le
En se fiant aux propos qu’il a tenus sur une radio française, l’écrivain algérien Yasmina Khadra semble être atteint à son tour du syndrome de la grosse tête. Sinon, comment interpréter ses dernières déclarations?
«Depuis 1962, je n’ai pas assisté ni à un débat politique ni à un débat culturel en Algérie…Les Algériens n’arrêtent pas de se chamailler…en Algérie, notre plus grand problème c’est le manque de discernement».
De la part d’un prétendu intellectuel qui vient à peine de s’éloigner du pays, ces raccourcis dans l’appréciation ont une connotation insolente, voire renégate. S’il n’a jamais assisté à un débat politique c’est que cela ne devait pas l’intéresser et qu’en tant que militaire de carrière il avait d’autres occupations en plus d’un devoir de réserve. Aujourd’hui, que l’officier en retraite décide de se prononcer sur la levée de l’Etat d’urgence, il ne devrait pas se sentir obligé de nous regarder de haut en voulant nous faire croire qu’il a inventé la poudre.
Trop de dédain peut donner le vertige en altérant le discernement, justement ! Pourquoi nos talentueux nationaux qui sont appelés à s’exprimer à l’étranger choisissent soit de s’en prendre aux gouvernants soit à leur peuple sans une once de retenue objective ? Y a-t-il un malin plaisir à s’exposer pour satisfaire le voyeurisme des autres en s’achetant une place dans les journaux par des invectives sans contenu ? Sommes-nous contraints de céder aux règles de la société de spectacle qui nous réclame des émotions quand nous pouvons soumettre une analyse ? Le directeur du centre culturel algérien de Paris aurait dû éviter le piège du ressentiment dans ce contexte de tunisiomania qui favorise les questions les plus triviales sur la situation dans notre pays.
Yasmina Khadra, peut-être trop habitué à commenter ses propres fictions, a raté une occasion de se taire sur la réalité puisqu’il n’avait rien de très pertinent à dire. L’écrivain n’a qu’à transposer sa nouvelle perception du pays dans un prochain roman, cela pourrait lui procurer le prix Goncourt. Une vocation originale pour la littérature, qui sait? Si le journalisme et ses câbles diplomatiques fuités ne suffissent plus à déstabiliser des pays…
N. M.